Refugees are welcome here!
Notre revendication principal
Droit de vote et d’éligibilité pour toutes les personnes vivant en Suisse
La démocratie est absolument centrale pour une société où les gens sont libres. De la même manière que nous nous engageons pour une gestion démocratique de toutes les entreprises par les travailleuse·eurs, nous nous engageons pour une société organisée de manière fondamentalement démocratique à tous les niveaux.
En Suisse, il existe de grands déficits en ce qui concerne la participation démocratique de la population. Un peu plus de 50 ans après l’introduction du droit de vote et d’éligibilité des femmes, une part non négligeable de la population reste exclue du débat démocratique. Ainsi, plus d’un quart des personnes vivant en Suisse n’ont pas de passeport suisse. Bien qu’une grande partie de la population issue de la migration vive en Suisse depuis des années, y travaille et soit soumise aux mêmes obligations que la population disposant du droit de vote et d’éligibilité, elle reste exclue de toute forme de participation politique. Plus de 2,2 millions de personnes doivent donc laisser les autres décider pour elles sans avoir leur mot à dire.
Pour nous, toutes les personnes devraient pouvoir participer aux décisions à l’endroit où elles vivent. Certains cantons et communes, avant tout en Romandie, ont déjà accordé le droit de vote et d’éligibilité à tous·tes leurs habitant·es. Nous exigeons que toutes les personnes domiciliées en Suisse depuis un an aient le droit de vote et d’éligibilité, peu importe leur permis de séjour.
Naturalisation automatique
En Suisse, le taux de naturalisation est bas, et ce de manière stable. Plusieurs raisons expliquent cela, dont le service militaire ou l’obligation d’abandonner sa nationalité d’un autre État (selon le pays) lors de la naturalisation. Toutefois, la raison principale en est que la naturalisation est un processus coûteux, parcouru de racisme et donc largement inaccessible.
Depuis des années, les partis bourgeois multiplient les obstacles financiers et administratifs à la naturalisation. Même des personnes dont la famille est en Suisse depuis trois ou quatre générations doivent suivre un processus de naturalisation laborieux pour obtenir la nationalité suisse. Dans de nombreuses communes, l’assemblée communale continue de décider directement des naturalisations. À plusieurs reprises, des naturalisations ont été refusées en raison de différends personnels ou de préjugés xénophobes et racistes — une situation intenable. Plus généralement, la naturalisation exige le dépôt d’une demande et son paiement, demande liée à des exigences élevées et une forte intrusion dans la vie privée des dépositaires de la demande. Ce processus arbitraire est démotivant et constitue un grand obstacle, surtout pour de nombreuses·x travailleuse·eurs.
Personne ne choisit son lieu de naissance — le destin de chacun est attribué au hasard. Celles·eux qui ont de la chance reçoivent à la naissance une nationalité suisse et ainsi des droits que d'autres n'auront jamais. Pour nous, il est clair que chaque personne qui vit ici et fait donc partie de la société doit non seulement avoir les mêmes obligations, mais aussi les mêmes droits. C’est pourquoi nous exigeons que toutes les personnes domiciliées en Suisse obtiennent automatiquement la nationalité suisse après 5 ans. De plus, les enfants nés en Suisse doivent également recevoir automatiquement la nationalité suisse. Il ne doit pas y avoir de conditions supplémentaires, tels que des examens ou des tests qui constitueraient un obstacle à disposer des mêmes droits.
Pour un meilleur traitement des requérant·es d’asile
Aujourd’hui, partout en Suisse, les requérant·es d’asile sont hébergé·es dans des bunkers, des infrastructures militaires isolées ou des bâtiments mal entretenus. Ces hébergements se caractérisent par un manque de sphère privée, d’hygiène et de place. Les majorités politiques de droite bourgeoise ne font preuve d’aucun humanisme. Sur la base d’une vision du monde xénophobe et raciste, iels décident de qui a le droit ou non d’être traité·e avec dignité selon son origine et son statut économique. Iels veulent investir aussi peu d’argent que possible dans l’asile et exclure au maximum les personnes concernées de l’espace public.
La dynamique de privatisation des services publics touche également le domaine de l’asile. L’accompagnement est avant tout vu comme un enjeu de sécurité et des entreprises privées de sécurité comme Securitas ou d'autres entreprises privées comme ORS sont responsables de la gestion des hébergements. Le personnel de sécurité n’est pas ou mal formé pour le travail avec des personnes traumatisées et ne remplit pas la fonction dont les réfugié·es auraient besoin. En particulier, les personnes FINTA (femmes, personnes inter, trans et agenres) ne sont pas protégées. Les violences envers les réfugié·es ne sont pas des cas isolés mais bel et bien structurelles.
Nous exigeons des investissements supplémentaires massifs dans le domaine de l’asile, en faveur des réfugié·es. L’État doit prendre en charge la gestion des hébergements et des centres d’asile et employer du personnel qualifié pour soutenir les réfugié·es. Les hébergements doivent disposer de suffisamment de place pour une vie humaine avec de la lumière du jour, des espaces privés, une bonne hygiène et des possibilités de s’isoler.
Plus de revendications
Pour justifier leur refus d’accueillir les réfugié·es en Suisse, les partis du centre et de la droite répètent à l’envi qu’il faudrait plutôt aider les gens sur place. Avec des solutions allant de l’engagement humanitaire aux camps de réfugié·es en Afrique, iels veulent empêcher les gens de venir trouver refuge en Europe et cherchent à justifier leur propre politique anti-droits humains. Iels font cependant totalement abstraction des causes systémiques de la migration et de la fuite, dont le « Nord global » est responsable.
La logique du système veut que, pour que les riches puissent être riches, les pauvres doivent être pauvres. Pour échapper à cette pauvreté, de nombreuses personnes sont forcées de suivre les flux de capitaux et d’aller là où ceux-ci s’accumulent en raison du système économique capitaliste.
S’ajoute à cela la dimension impérialiste du capitalisme ; pour permettre au système la croissance sans laquelle il ne peut fonctionner, l’ouverture de nouveaux marchés pour écouler sa production est sans cesse nécessaire. Dans cette optique, les puissances capitalistes ne reculent pas même devant des conflits armés. Même pour des pays comme la Suisse qui ne sont pas directement impliqués dans ces guerres, celles-ci sont lucratives, par exemple grâce aux profits qu’ils tirent des exportations de matériel de guerre.
De plus, la croissance économique est directement liée à une plus forte consommation énergétique et à davantage d’émissions de gaz à effet de serre. Les conséquences de la crise climatique, mais aussi de la surpêche et de l’accaparement des terres sape les bases existentielles de millions de personnes, si bien que la fuite devient leur unique solution pour se sortir de leur misère.
C’est pourquoi nous revendiquons un système fiscal solidaire à l’échelle internationale qui mettrait fin à la course au dumping fiscal et à la fuite des capitaux. Les multinationales doivent être mises au pas et tenues pour responsables de la misère qu’elles engendrent ou dont elles profitent. Par ailleurs, nous exigeons une interdiction des exportations et du financement de matériel de guerre.
Les pushbacks illégaux, c’est-à-dire le refoulement violent et sans aucune procédure ou examen sérieux de leur motifs de fuite de réfugié·es cherchant un endroit sûr où vivre, font partie du quotidien de l’agence européenne de garde-frontières Frontex. Ces agissements sont légitimés par des affirmations racists qui présentent les réfugié·es comme un « problème de sécurité pour l’Europe ». Les réfugié·es sont refoulé·es violemment aux frontières ou abandonné·es à leur sort en pleine mer. En conséquence de cela, au moins 44 000 personnes ont perdu la vie depuis 1993, bien que le chiffre exact soit difficile à évaluer en raison de nombreux décès non déclarés. Frontex est le symbole de cette forteresse Europe qui tue.
C’est pourquoi nous exigeons l’abolition immédiate de Frontex et la mise en place d’un soutien adapté aux réfugié·es dans une situation précaire à la place de ses agissements.
À long terme, nous voulons un monde dans lequel personne n’est forcé·e de fuir et où la migration n’est que volontaire. Dans notre société actuelle, les droits, les conditions de vie et les chances dépendent du lieu de naissance, qui lui-même ressort du hasard. Les frontières servent à légitimer les inégalités et à diviser les travailleuse·eurs. Aujourd’hui, les discours nationalistes servent à faire distraction des véritables racines des problèmes. Ainsi, en utilisant comme boucs émissaires les personnes vivant de l’autre côté du rideau fictif que sont les frontères, le système actuel fait obstacle à une organisation des travailleuses·eurs au-delà des frontières nationales. La lutte pour la liberté de mouvement et la lutte des classes sont donc inséparables de la lutte contre les idéologies nationalistes. Il est dès lors clair pour la gauche que toutes les formes de frontières et les lois qui les imposent doivent être combattues. Une utopie de gauche ne peut être qu’antinationaliste.
C’est pourquoi nous exigeons à long terme l’abolition de toutes les frontières et le dépassement du concept d’État-nation.
En raison de l’absence de voies migratoires officielles et légales, les réfugié·es sont poussé·es dans l’illégalité et obligé·es à se mettre en danger. La situation est particulièrement précaire dans la mer Méditerranée. L’UE et les pays méditerranéens ont simultanément mis fin au sauvetage en mer, arguant que ce serait un facteur d’attraction — un argument qui a été démenti à de nombreuses reprises. En conséquence, les décès ont pris l’ascenseur de manière dramatique. Rien qu’en 2022, les registres officiels recensent la mort de près de 2000 personnes en mer Méditerranée, chiffre en dessous de la réalité en raison des décès non répertoriés. La criminalisation croissante des ONG pratiquant le sauvetage en mer risque d’empirer encore la situation et de condamner des milliers de personnes innocentes supplémentaires à la mort dans les eaux de la Méditerranée.
C’est pourquoi nous exigeons la décriminalisation complète des sauvetages en mer privés et la mise en place immédiate d’une mission de sauvetage étatique en mer Méditerranée. De plus, pour rendre la migration sûre, nous exigeons l’introduction de la possibilité de demander l’asile dans les ambassades des États suisse et de l’UE.
Le type de permis de séjour détermine le bien-être des migrant·es en Suisse. Il existe aujourd’hui pas moins de huit types différents de permis de séjour pour les personnes sans la nationalité suisse. Certains permis de séjour sont particulièrement problématiques ; ainsi, l’injuste « admission à titre provisoire » est avant tout octroyée aux réfugié·es issus de régions en guerre ou en crise qui font l’objet d’une décision de renvoi mais dont le renvoi serait illicite, inexigible ou matériellement impossible. Cette autorisation de séjour suggère un accueil à court terme, ce qui rend la situation des personnes concernées extrêmement difficile, en particulier lors de la recherche d’un emploi ou d’un logement. Ces personnes ne sont pas reconnu·es comme réfugié·es et elles sont sans cesse confrontées au danger d’être renvoyées.
Pourtant, la Confédération a prouvé dans le cadre de la guerre en Ukraine qu’il serait possible de faire les choses autrement. Ainsi, les Ukrainien·nes ont reçu un permis S, désignant les personnes à protéger. Celui-ci permet aux personnes fuyant un conflit armé d’obtenir rapidement un droit de séjour provisoire en Suisse ainsi qu’un droit au regroupement familial sans avoir besoin de passer par une procédure d’asile ordinaire. Cette procédure serait tout à fait possible dans le cadre d’autres guerres ou crises, mais n’a jamais été utilisée.
Comme les personnes issues de régions en proie à des conflits ont un besoin tout particulier de protection, nous exigeons une abolition de l’admission à titre provisoire et l’activation du statut de protection S pour toute région en proie à des crises ou à des guerres.
Les renvois forcés pratiqués en Suisse sont tout simplement inhumains. Les personnes qui sont illégales aux yeux du droit suisse peuvent être renvoyées en tout temps. À plusieurs reprises, des personnes sont décédées dans le cadre de leur détention en vue de renvoi ou suite à leur renvoi dans le pays d’où ells ont fui.
Toutefois, ce ne sont pas seulement les renvois dans les pays d’où les personnes ont fui qui sont problématiques, mais aussi et surtout les renvois dans les « États tiers sûrs » — concept qui met les réfugié·es en danger et donne lieu à des violations systématiques des droits humains. Les pays européens, dont la Suisse, ont établi une liste (avec tous les pays de l’UE et certains pays hors-UE définis) désignant certains pays comme « sûrs » et y renvoyant les requérant·es d’asile qui sont passés par leur territoire sans même ouvrir de procédure d’asile. Or, en Grèce par exemple, aucun service de base n’est fourni, la situation dans les centres d’asile et de détention est tout simplement inhumaine et l’accès à des procédures d'asile fait défaut. D’autres pays, tells que la Hongrie ou la Bulgarie, violent régulièrement les droits humains des réfugié·es et négligent leur mission de protection mais sont tout de même classés comme États « sûrs ».
La catégorisation généralisée de pays tiers comme étant "sûrs" sans l'être réellement doit cesser immédiatement et nous exigeons un arrêt immédiat et global des expulsions.
Plus d'informations sur ce thème :
Combattre les causes de migration forcée de manière sérieuse
De l’aide au lieu de la violence aux frontières extérieures de l’UE
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Arrêter les renvois