Féminisme

Pour le tournant féministe !

Les revendications féministes fondamentales sont étroitement liées à diverses sphères politiques. Il ne suffit pas de les considérer isolément : il convient de les intégrer de manière intersectionnelle dans les analyses politiques. Ainsi, l'économie féministe ne se contente pas d'éclairer certains aspects secondaires négliges des théories économiques classiques, mais permet, grâce à des perspectives critiques et féministes, des analyses plus précises de questions économiques pertinentes pour l'ensemble de la société

Les structures sociales et de pouvoir dominantes, comme le capitalisme et le patriarcat, s'alimentent mutuellement. Le système économique capitaliste ne pourrait pas fonctionner sans les innombrables heures de travail du care non rémunéré́, qui sont en grande partie effectuées par des personnes FLINTA. Le capitalisme fait croire, par le biais du patriarcat, que le travail du care, comme la garde des enfants, les soins aux malades ou la préparation des repas, est effectué par amour par des personnes FLINTA et ne doit donc pas être rémunéré, ou alors très peu. Le patriarcat est à son tour renforcé par le capitalisme (par ex. par la discrimination salariale ou les stéréotypes de genre qui reproduisent les rapports de pouvoir en vigueur). Tout comme le capitalisme, le patriarcat est un système qui sert à maintenir le pouvoir de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. La discrimination, la violence et l'oppression structurelle des personnes FLINTA sont l'expression des structures de pouvoir patriarcales et capitalistes dominantes.

Le capitalisme et le patriarcat doivent donc être combattus ensemble. Un féminisme intersectionnel remet en question les structures de pouvoir patriarcales dominantes, reconnaît l'existence de diverses formes de discrimination liées entre elles et les combat.

Nos revendications mettent en évidence les perspectives féministes et les besoins d'action dans les domaines sociaux les plus divers.

Notre revendication principal

Garantir les droits à l'avortement et à l'autodétermination physique !

Le droit à l'autodétermination physique est l'une des avancéess féministes les plus importantes. Il comprend l'accès à des offres de conseil et de soutien ouvertes aux femmes enceintes et la garantie d'une interruption de grossesse sûre et autodéterminée.

Ces dernières années, ce droit a toutefois été de plus en plus remis en question et attaqué par les milieux conservateurs et fondamentalistes de droite. Tant au niveau international qu'en Suisse, des efforts sont faits pour restreindre les droits à l'avortement. La JS Suisse combat de telles attaques : le droit à l'autodétermination physique n'est pas négociable.

Aujourd'hui, en Suisse, les avortements sont régis par le code pénal, sont considérés comme illégaux et ne sont dépénalisés que sous certaines conditions. L'avortement volontaire ne doit pas figurer dans le code pénal, mais être garanti comme droit constitutionnel. Nous exigeons que le droit à l'autodétermination physique, en particulier le droit à l'interruption volontaire de grossesse, soit ancré dans la Constitution fédérale.
De plus, il est essentiel de garantir de d'élargir l'accès à un conseil professionnel et neutre ainsi qu'à des prestations dans le domaine de la santé sexuelle. Pour cela, il est nécessaire d'augmenter les moyens financiers alloués aux centres de santé sexuelle et d'établir des critères officiels pour les centres de conseil, garantissant un conseil et un soutien professionnels, sans préjugés.

L'autodétermination physique inclut également celle des personnes trans. Par exemple, l'accès à l'hormonothérapie et aux interventions de réassignation sexuelle doit être facilité pour les personnes trans qui le souhaitent. Il ne faut pas que l'arbitraire des caisses d'assurance maladie se poursuive ! Il faut au contraire une obligation générale de prise en charge complète des coûts et l'abolition des obstacles humiliants auxquels sont confrontées aujourd'hui de nombreuses personnes trans.


Des pensions plus élevées et une prévoyance vieillesse féministe - pension populaire maintenant !

Le système de retraite est un élément central de notre État social et doit garantir une vie digne dans la vieillesse. Mais le système actuel ne répond pas à cet objectif.

La pauvreté des personnes âgées est une réalité amère pour de nombreuses personnes en Suisse. Elle touche en particulier les personnes qui ont travaillé dans des secteurs à bas salaires ou à temps partiel. Les femmes représentent 2/3 des personnes touchées par la pauvreté des personnes âgées, et sont donc plus touchées que la moyenne. Outre l'inégalité salariale et les secteurs féminins sous-payés, cela s'explique en premier lieu par le fait que de nombreuses femmes ont effectué pendant des années un travail du care non rémunéré. Élever des enfants, soigner des proches, s'occuper du ménage - ce travail est précieux et central pour le bon fonctionnement de la société. Mais il est loin d'être suffisamment reconnu dans le système de retraite actuel et cela doit changer. Nous demandons un renforcement de l'AVS par la reconnaissance financière du travail de care non rémunéré et l'abolition des 2e et 3e piliers, qui favorisent l'injustice sociale. En lieu et place, il faut introduire une retraite populaire qui valorise également le travail du care non rémunéré et qui permette de vivre dignement à la retraite.


Pour une semaine de 25 heures !

Pour une grande partie de la population, il ne reste que peu de temps à côté du travail rémunéré pour assumer diverses autres obligations. Les activités de care classiques non rémunérées telles que la cuisine, les courses, le nettoyage et la lessive prennent beaucoup de temps et le travail d'assistance et d'éducation est difficilement compatible avec un emploi à plein temps. Les structures actuelles du travail salarié, comme la semaine de 42 heures, ne sont pas axées sur les besoins des personnes, mais sur le fait que, dans une famille traditionnelle, pratiquement tout le travail du care est effectué par la femme sans rémunération et que la famille vit du salaire de l'homme. Cette conception était et reste exploitante et nuit à la santé des salarié·es. Par le passé déjà, de nombreuses familles ne pouvaient pas vivre d'un seul revenu salarial ; avec les salaires réels d'aujourd'hui, cela n'est pas une option pour beaucoup de ménages, et une grande partie des femmes exercent également un travail salarié. Mais la charge du travail de care existe toujours - la double charge du travail du care rémunéré et non rémunéré se renforce donc pour de nombreuses femmes. Celles qui en ont les moyens sous-traitent une partie des tâches ménagères et des soins, généralement à d'autres personnes FLINTA moins privilégiées.

Cette situation est particulièrement choquante, étant donné que la société est de plus en plus productive et efficace. Malgré cela, la charge de travail de la population active ne diminue pas. Pourtant, il serait aujourd'hui possible d'introduire sans problème une semaine de travail de 25 heures de travail rémunéré. Mais pour cela, il faut que les gains de productivité soient utilisés pour le bien de l'ensemble de la population et que les personnes soient placées au centre de l'économie - et non le profit de quelques-uns. Nous voulons une société dans laquelle nous avons du temps pour nos proches, notre engagement et nous-mêmes, et pas seulement pour nos employeuse·eurs. La semaine de 25 heures rompt avec l'obligation de maximisation et donne au travail du care la place, l'importance et le temps qu'il mérite. Elle permet également d'avoir plus de temps pour le travail du care, comme le travail domestique et la garde des enfants, et de le répartir plus équitablement.



Plus de revendications

Lutter efficacement contre les violences patriarcales et la discrimination !

Pratiquement toutes les personnes FLINTA subissent des formes de violence sexualisée au cours de leur vie. Il s'agit entre autres du harcèlement sexuel, de la violence sexiste et de la violence domestique. Il s'agit d'un problème structurel qui doit être combattu à différents niveaux. En plus du travail de prévention et d'éducation, il est également nécessaire de développer massivement les offres de protection, de conseil et de soutien pour les personnes de toutes les identités de genre. L'offre d'hébergement pour les personnes touchées par la violence domestique et patriarcale doit être davantage subventionnée et développée. Aujourd'hui, des personnes se voient régulièrement refuser l'accès aux refuges pour femmes et aux maisons d'accueil par manque de place et de ressources – cette situation n'est pas tenable et est contraire à la Convention d'Istanbul. Nous exigeons une augmentation massive du nombre de places et de ressources pour les maisons d'accueil et les offres de soutien pour les victims de violences sexuelles, afin de permettre une aide gratuite, compétente et rapide. Ces refuges doivent être accessibles à toutes les personnes opprimées par le patriarcat, aux femmes et en particulier aux personnes TINA (personnes trans, inter, non binaires et agenres). Les personnes TINA n'ont aujourd'hui souvent à disposition que des possibilités de soutien insuffisantes - il faut s'assurer qu'elles reçoivent un soutien approprié.

Les formes de discrimination patriarcale s'expriment dans différentes sphères de la société, y compris dans la vie professionnelle. En Suisse, la majorité des femmes subissent du harcèlement sexuel sur leur lieu de travail au cours de leur vie. Les personnes trans sont également régulièrement exposées à des expériences de discrimination sur le lieu de travail en raison de leur identité de genre, contre lesquelles le droit en vigueur et les structures sociales ne les protègent pas, car l'identité de genre n'est pas couverte par la norme antidiscriminatoire. Nous demandons des mesures de prévention pour lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et une protection conséquente contre la discrimination qui protège les personnes FLINTA et en particulier les personnes trans contre la discrimination et le licenciement arbitraire sur le lieu de travail.

Une éducation moderne et inclusive

L'éducation est l'un des moyens les plus efficaces pour les enfants et les adultes de devenir des personnes autonomes et empathiques. Elle devrait constituer une partie importante du travail de prévention visant à démanteler les structures patriarcales. Pour répondre à cette exigence, l'éducation doit être adaptée en permanence et prendre en compte les réalités de vie des personnes. Nous demandons une éducation à la santé sexuelle non discriminatoire et universelle.

L'éducation ne doit pas être axée sur le système binaire des genres et des sexes ! Les cours d'éducation sexuelle doivent montrer la réalité de la diversité des genres et des sexes. L'intersexualité et les identités trans doivent être abordées ouvertement et sans préjugés. De même, la formation du personnel médical spécialisé doit supprimer l'accent mis sur la binarité et aborder les sujets de l'intersexualité et des identités trans.

Dans le cadre des cours d'éducation sexuelle, les élèves doivent être sensibilisés au fait que chaque personne a le droit de fixer ses propres limites et que les actes sexuels ne peuvent avoir lieu qu'avec le consentement de toutes les personnes concernées.

Pour lutter contre la violence sexuelle, il est essentiel d'aborder le sujet de manière sensible et ouverte. L'éducation a un grand potentiel de prévention dans ce domaine. Outre le fait de thématiser le consentement, les élèves et les apprenti·es doivent également être informé·es de manière proactive de leurs droits et des offres de conseil existantes. Ces informations et offres de soutien doivent également être rendues visibles et accessibles à l'ensemble de la société.

Protection contre la discrimination et autodétermination médicale

Les structures de discrimination patriarcales existent également dans le domaine de la médecine. On y trouve une forme d'interprétation de l'androcentrisme, une vision qui considère les hommes cis comme la norme et la référence. Un système de genre patriarcal et binaire prédomine également. Cela conduit entre autres à la pathologisation des identités et des corps trans et à l'existence d'un « gender data gap » (manque de données liées au genre) qui fait que les symptômes des maladies ou les effets de certains médicaments sur les femmes et personnes assignées femme à la naissance ne sont pas suffisamment étudiés. Il est nécessaire d'élargir la recherche médicale dans le domaine de la médecine de genre afin de combler ces lacunes. Les personnes intersexes sont également fortement menacées dans leur autodétermination. Des opérations de changement de sexe sur des bébés intersexes sont encore entreprises aujourd'hui, bien que dans la plupart des cas, il n'y ait aucune nécessité médicale. Ces opérations, qui ne peuvent pas être effectuées avec le consentement des personnes concernées lorsqu'elles sont encore des nourrissons ou des enfants en bas âge, entraînent souvent de graves conséquences. Nous demandons l'interdiction des opérations de changement de sexe sur les bébés intersexes ainsi que des conseils de spécialistes. Les personnes intersexes doivent avoir accès, à leur demande, à des traitements médicaux qui doivent être entièrement pris en charge par l'assurance maladie.

Egalité salariale, salaire minimum national de 5000.- et amélioration des conditions de travail !

L'égalité salariale est certes inscrite dans la Constitution, mais les chiffres montrent que nous en sommes encore loin dans la réalité. Les personnes FLINTA gagnent à ce jour près d'un cinquième de moins que les hommes et en Moyenne 19,5% de moins par heure de travail. Une partie des facteurs à l'origine de l'inégalité salariale sont qualifiés de « facteurs explicables ». Parmi eux, la position professionnelle, la formation et le secteur d'activité. Mais les facteurs explicables reposent également sur le désavantage historique et la discrimination économique des personnes FLINTA. Le désavantage historique comprend notamment le fait que les professions qui, traditionnellement, sont surtout exercées par des personnes FLINTA, sont moins bien rémunérées et peu organisées sur le plan syndical. Cela complique énormément la lutte contre les mauvaises conditions de travail dans ces professions et branches. Des améliorations concrètes des conditions de travail et des salaires plus élevés sont donc nécessaires, en particulier dans ces branches, comme les soins, l'assistance et la restauration. Selon l'Office fédéral de la statistique, environ 2/3 des travailleur.euse.s à bas salaire sont des femmes1. Nous demandons l'introduction d'un salaire minimum national interprofessionnel de 5000 francs. Nous demandons en outre des mesures efficaces pour atteindre l'égalité salariale, notamment des contrôles systématiques des salaires, la transparence des salaires et des contrôles de la discrimination salariale.

Développer les structures sociales du care

Le travail du care est un travail central pour le bon fonctionnement de la société. En plus d'une réduction du temps de travail permettant d'investir davantage de temps dans le travail du care, il est également nécessaire de développer et de renforcer les structures du care dans l'ensemble de la société. Le travail du care doit également être considéré comme une partie du service public - des structures gratuites de garde d'enfants ainsi qu'un système de santé développé soulagent également les personnes qui fournissent dans le cadre privé une grande partie du travail d'assistance et de soins non rémunéré. Des projets tels que l'habitat intergénérationnel peuvent également contribuer à ce que les structures du care et le travail à fournir soient organisés de manière plus collective et répartis plus équitablement. Aujourd'hui, les professions du secteur du care, par exemple les soins ou la garde d'enfants, sont souvent soumises à des conditions de travail précaires. Nous demandons que la partie du travail de care qui est organisée dans le secteur formel soit également valorisée et rémunérée de manière appropriée. Pour cela, il faut investir massivement dans le système de santé, les structures d'accueil et la formation de personnel qualifié. Pour que le travail du care soit valorisé et rendu visible, il doit également être intégré dans notre représentation et notre recherche économique. Nous demandons à cet égard des chaires et des ressources dans les hautes écoles ainsi que la saisie statistique du travail du care rémunéré et non rémunéré et son intégration dans le produit intérieur brut.

Pour aller plus loin :