Mesures d’urgence contre la guerre en Syrie

02.05.2018

Document adopté le 25 avril 2018 par le Comité directeur de la JS Suisse.
La guerre en Syrie fait rage depuis des années. Avec la progression des turcs dans la ville kurde d’Afrin et les frappes militaires des USA, de la France et de la Grande-Bretagne, contraires au droit international, le conflit atteint un nouvel échelon d’aggravation. Selon les estimations, un demi-million d’individus a été tué à ce jour. Parallèlement, la guerre en Syrie (et ses ramifications) est co-responsable de nombre de réfugié-es, nombre qui n’avait plus jamais été atteint depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il s’agit là d’une situation intenable. C’est la raison pour laquelle la JS suisse appelle le Conseil fédéral à appliquer les mesures d’urgence suivantes. La Suisse devrait utiliser toutes les mesures d’urgence à sa disposition pour mettre un terme à ce conflit meurtrier.

  • 1) Interdire l’exportation de tout le matériel de guerre


La Suisse livre à presque tous les belligérants de la guerre en Syrie du matériel de guerre, ainsi que des biens de nature militaire. En 2017 par exemple, ce sont des armes pour un montant de Fr.640'000 qui ont été livrées à la Turquie. Mais la Suisse fournit également du matériel de guerre à d’autres pays limitrophes qui sont impliqués dans le conflit entre-temps devenu régional : 4,7 millions pour l’Arabie Saoudite et 3,2 millions pour les Emirats arabes unis.
C’est pourquoi il est clair : un arrêt immédiat de la livraison d’armes dans toute la région est impératif.
  • 2) Mettre un terme au financement de tous les producteurs de matériel de guerre


Les entreprises d’armement profitent de la guerre en Syrie. Les instituts financiers qui investissent dans les entreprises d’armement, en profitent également. À elle seule, la Banque Nationale Suisse a investi à fin 2017 au moins 2,178 milliards de dollar dans des entreprises d’arment du monde entier. C’est ce qui ressort des chiffres du rapport de l’organe de surveillance des bourses aux USA[1]. Un exemple concret : durant la nuit durant laquelle ont eu lieu les frappes militaires américaines contre un aéroport syrien en 2017, la valeur du paquet d’actions que détenait la BNS auprès du fabricant de missiles de croisière utilisés a augmenté de 4 millions de dollars.[2]
C’est pourquoi il est clair : une interdiction immédiate du financement de tous les producteurs de matériel de guerre est impérative.
  • 3) Mettre un terme à l’achat de pétrole dans toute la région


Les Emirats Arabes Unis, l’Iran, l’Irak et L’Arabie Saoudite sont parmi les plus gros producteurs de pétrole dans le monde. Une masse énorme de pétrole destiné au marché mondial transite par les ports turcs de la Mériterrannée. En 2015, des producteurs suisses ont indiqué importer du pétrole également de pays islamiques, livré via la Turquie voire même Israël[3]. De plus, le tiers du commerce global du pétrole se réalise en Suisse.
C’est pourquoi il est clair : la Suisse ne doit pas, directement ou indirectement, acheter du pétrole de la région ; elle doit veiller, au travers de sa plateforme de négociation, que l’achat de pétrole auprès de ports de la Méditerranée, particulièrement de Turquie, ne soit plus possible.
  • 4) Mettre un terme au commerce d’artefacts de la région


Les belligérants, comme par exemple l’Etat Islamique, se dinancent entre autres grâce au commerce d’artefacts de Syrie et d’Irak[4]. Là aussi, la place commerciale de Genève apparaît comme déterminante dans le commerce d’artefacts.
C’est pourquoi il est clair : la Suisse doit immédiatement cesser le commerce d’artefacts de toute la région.
  • 5) Suspendre la modernisation du traité de libre-échange avec la Turquie.


Le Conseil fédéral répond à la question 18.5050 du conseiller national PS Eric Nussbaumer en ces termes : «“Les ministres du commerce de l’AELE et leur collègue turc ont communiqué, à l’issue de la conférence des ministres de l’AELE du 24 novembre 2017 à Genève, l’accord de base avec la Turquie concernant la modernisation et l’extension de l’accord de libre-échange entre l’AELE et la Turquie. Les textes de l’accord sont actuellement en phase de vérification juridique, les questions encore en suspens restent à clarifier. “ Il est totalement déraisonnable de conclure un accord de libre-échange avec la Turquie, le pays étant partie prenante dans le conflit syrien.
C’est pourquoi il est clair: la Suisse soit immédiatement quitter la table des négociations avec la Turquie.
  • 6) Accueillir 100'000 réfugié-es directement de Syrie


La Suisse devrait accueillir immédiatement 100'000 réfugié-es directement de Syrie, ceci afin de soulager un tant soit peu la souffrance de la population civile en Syrie.
C’est pourquoi il est clair : le Conseil fédéral doit immédiatement mettre en place une action de sauvetage humanitaire.
  • 7) Boycott du tourisme en Turquie


Le Conseil fédéral devrait publier un appel de boycott contre le tourisme en Turquie. Le maire genevois disait déjà : „Let’s remember that going to Turkey for any reason or supporting this state economically in other ways means being party to the war against the Kurds in a sense. Supporting Erdoğan’s economy will both impower the Erdoğan regime and mean supporting the Rojava Kurds who are recognized in international arena.”[5]
C’est pourquoi il est clair : le soutien au tourisme turc favorise le gouvernement de Erdogan et indirectement, les actions militaires en Syrie. L’appel au boycott du Conseil federal est dès lors indispensable.
  • 8) Gel des comptes bancaires des bellicistes.


Le Conseil fédéral doit ordonner l’ouverture d’une enquête pour déterminer si des bellicistes justement issus des cercles de Erdogan possèdent des comptes bancaires en Suisse. Si tel était le cas, ces comptes devraient immédiatement être gelés, tout comme cela avait été fait par la Suisse durant le printemps arabe.
C’est pourquoi il est clair : l’argent de bellicistes qui est déposé en Suisse doit immédiatement être bloqué.
[1]https://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1582202/000158220218000001/xslForm13F_X01/InfoTable_Q42017.xml
[2] https://www.blick.ch/news/politik/nationalbank-verdient-4-millionen-an-trumps-tomahawk-schlaegen-linke-wollen-geschaeft-mit-dem-tod-verbieten-id6512503.html
[3] http://dok.sonntagszeitung.ch/2015/oel/
[4] https://www.srf.ch/kultur/gesellschaft-religion/wie-isis-aus-kunstschaetzen-geld-fuer-den-terror-gewinnt
[5] https://anfenglish.com/news/mayor-of-geneva-calls-for-a-boycott-of-turkish-tourism-26133