Résolution du Comité Directeur à l’attention de l’assemblée annuelle de la JSS du 28/29 mars 2015.
Le capitalisme est inévitablement frappé par des crises, parce que dans le processus de création de valeurs ajoutées, il y aura systématiquement surproduction, et donc, une offre trop importante de produits et de services qui perdrons toute valeur réelle. L’éclatement des bulles de prix résultant des surproductions créent de grandes crises qui frappent très durement les travailleurs. La crise financière majeure de 2008, déclenchée par l'éclatement de la bulle immobilière américaine, perdure encore aujourd’hui. L’économie mondiale doit encore se battre avec ces effets dévastateurs. A coup de milliards, les Etats ont dû sauver les banques privées qui lui sont donc toujours redevables. Mais, les conséquences sont dramatiques: augmentation de la pauvreté, du chômage et diminution des aides sociales, particulièrement dans le sud de l’Europe. A cela s’ajoute une diminution drastique la croissance dans l'UE.
La Suisse a été, pour le moment, relativement épargné par la crise. En 2011, cependant, la valeur du franc suisse a massivement augmenté face à l'euro. Cela est dû à un affut d’une grande quantité de capitaux dans une monnaie vue comme investissement sure et une peur des pertes liées à la volatilité du marché. Les spéculateurs ont joué sur les taux de change et engrangé d'énormes bénéfices. Le monde du travail a subit une pression toujours plus forte liée au franc fort, entrainant des mesures difficilement tenables pour les salariés. En Septembre 2011, la Banque Nationale Suisse (BNS), suite à une très forte pression en particulier du PS et des syndicats, stoppe la spéculation et impose un taux planché de 1.20 CHF pour 1€. Grace à cette mesure, l'industrie suisse d'exportation demeure compétitive et la Suisse échappe en partie à la crise financière.
Le 15 janvier 2015, la dissolution du taux planché entre l’euro et le franc marque la victoire des spéculateurs, du monde de la finance et de l’idéologie néolibéraliste contre les mesures de 2011. En effet, l’abrogation du taux par les trois membres de la direction de la BNS est le résultat d’une campagne de pression des spéculateurs et des milieux financiers. Ces profiteurs peuvent à nouveau spéculer sur le franc, dégager de gros bénéfices et faire monter la valeur de notre monnaie.
Cependant, l'impact sur le secteur de l'exportation est dramatique. Le prix des biens et des services suisses ont brusquement augmenté dans la zone euro devenant inabordable. Le changement de politique se traduira, à moyen terme, par une diminution des emplois dans les secteurs de l’exportation et du tourisme ; mais aussi dans d’autres industries. Cela signifie que ce sont les salariés qui, en Suisse, seront le plus durement touchés par la crise du franc fort.
Les seuls gagnants de cette situation sont les marchés financiers et leurs alliés politiques. Le pillage mondial des spéculateurs, qui a déjà ravagé les pays du sud, menace maintenant la situation sociale des travailleurs en Suisse qui se détériore rapidement. Les partis bourgeois et les organisations patronales utilisent cette situation déjà difficile pour lancer des attaques contre les droits et les salaires des travailleurs. Les déréglementations proposées visent à la destruction des acquis sociaux en Suisse.
Face à ce constat, la JSS demande que les points suivants soient appliqués:
- Etablir une nouvelle politique monétaire!
- La BNS doit, à nouveau, faire front face aux spéculateurs et défendre un taux planché d’au moins 1,15 franc pour 1€. A cet effet, la pression sur la BNS doit être augmentée massivement.
- La Suisse a besoin d’une nouvelle politique concernant la banque nationale. Les décisions d’importance ne peuvent pas être prisent de manière antidémocratique par un comité de trois personnes. La politique monétaire et la politique économique doit être fixée de manière démocratique. La BNS devrait donc être contrainte par la constitution à des objectifs qui garantissent le bien-être de la population. De ce fait, la BNS doit avoir la responsabilité d’être transparente et de coopérer à l’international pour garantir des taux de change stables.
- La Suisse doit introduire des limitations concernant la circulation des capitaux. La circulation sans restriction des capitaux ouvre la porte à la spéculation et exacerbe la crise.
- Une interdiction de la spéculation monétaire est nécessaire. La spéculation qui entraine des dommages incroyables sur le peuple Suisse doit appartenir au passé.
- Une taxe sur les transactions boursières doit être introduite. La volatilité des marchés financiers profite aux spéculateurs et nuit aux salariés, mais aussi à l'économie réelle. Pour lutter contre la crise, il faut lutter contre l’instabilité de notre monnaie et donc contre la spéculation.
- Combattre la crise!
- Les extériorisations de production et les licenciements de masse préparent le terrain pour des délocalisations. Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. Plutôt que de gérer seulement les pertes, l'État doit intervenir activement contre la crise et se tenir du côté des travailleurs. Il faut interdire les licenciements collectifs à toute entreprise qui réalise des bénéfices.
- Il est nécessaire de renforcer la démocratie dans le monde du travail. Les travailleurs sont gravement menacés par la crise. Il est plus important que jamais de faire entendre leurs voix.
- Les secteurs financiers doivent être démocratisés. Le monde financier suisse dispose d’un pouvoir effroyable et a une grande part de responsabilité dans la crise. Les banques doivent être cantonnées à leur rôle de fournisseurs de crédits pour l’économie réelle et soumise aux pouvoirs politiques.
- La détérioration des conditions de travail, les heures supplémentaires non-payées et les réductions de salaires sont inadmissibles. Ces éléments doivent être combattus avec véhémence. Ce n’est pas aux salariés de payer pour la crise.
- Les déréglementations prévues doivent être abandonnées. En attaquant les lois sociales en Suisse, les milieux patronaux cherchent à appliquer des mesures de réduction des prestations sociales prévues de longue date et à augmenter leur profit, mais c’est un comportement irresponsable et égoïste. Durant une crise, c’est la protection et l’augmentation des salaires, ainsi que l’augmentation des dépenses de l’Etat, qui sont les mesures les plus efficientes d’un point de vue économique. En effet, il faut encourager la consommation intérieure pour éviter que la crise ne s’aggrave.
- La BNS devrait être tenue de distribuer ses bénéfices aux cantons. Ces dernières années, en raison de la concurrence fiscale, les cantons ont offert de nombreux forfaits fiscaux. Ils ont besoin, aujourd’hui, d’argent pour investir et maintenir le marché intérieur.