Le monde s’enlise dans une crise. Jamais auparavant, autant d’individus ne s’étaient retrouvés sur les chemins de l’exil. Presque septante millions d’êtres humains fuient les conflits armés, les violences ou les persécutions. À ceux-là peuvent être ajoutées d’innombrables personnes fuyant les catastrophes environnementales ou quittant leur foyer par manque de perspectives économiques[1]. La cause de ce nombre élevé de déplacé-e-s est à chercher dans le même système économique qui fait que d’innombrables personnes, également ici en Suisse, ne savent pas comment elles vont faire pour régler leurs factures à la fin du mois.
Ce papier de position est une tentative d’esquisse de la logique sous-jacente à l’exploitation du Sud global. Toutefois, ce papier ne prétend pas l'exhaustivité, car quasiment tous les aspects des modes de vie et des modèles économiques dominants dans le capitalisme sont étroitement liés à l’exploitation du Sud.
Nous vivons aux dépens du Sud global
Le système capitaliste est un système-monde causant, dans différents pays, diverses formes d’exploitation aux conséquences variées. La gauche, elle aussi, reste souvent dans ses critiques enfermée dans une vision du travail salarié dans les pays développés. Il est ainsi souvent omis qu’il existe d’autres formes d’exploitation que celles subies par des employé-e-s en Suisse.
Cela comprend l’exploitation de la nature ou d’autres formes de travail, tel que le travail du « care » non rémunéré accompli dans la sphère privée ou la main-d’œuvre du Sud global. Le mode de vie et le modèle économique de la Suisse peuvent être maintenus uniquement parce qu’une grande partie des coûts et dégâts qu’ils occasionnent sont reportés sur d’autres territoires et d’autres champs de la société[2]. Nos modes de vie et nos modèles économiques, dans le Nord global prospère, reposent sur la surexploitation et la pollution massive de ressources naturelles. Les coûts seront reportés sur les générations futures et les populations du Sud global.
L’exemple le plus frappant en la matière est l’empreinte écologique de la Suisse : si tous les humains vivaient de la même manière que la population suisse, environ trois planètes seraient nécessaires pour couvrir nos besoins en ressources. Notre mode de vie et notre modèle économique ne sont donc possibles que si d’autres êtres humains consomment moins de ressources.
Le constat est le même dans d’autres sphères de la vie : En Suisse, environ un tiers de la richesse produite finit, chaque année, sous forme de revenu du capital, dans la poche des possédant-e-s[3]. Dans ce contexte, le niveau de vie relativement élevé ne peut être assuré que si les populations du Sud global triment dans des conditions de travail misérables. Dans l’industrie textile produisant nos vêtements, les conditions de travail ne sont pas meilleures : en Asie, d’innombrables femmes* travaillent plus de dix heures par jour pour un salaire de misère d’environ 60 francs[4] par mois et sont quotidiennement exposées à des violences sexuelles. Aucun système de sécurité sociale n’y est en place, et la sécurité physique sur le lieu de travail n’est pas non plus garantie. Lorsqu’un t-shirt provenant du Bangladesh est vendu en Suisse, moins de deux francs reviennent à la production sur place et presque 60% du prix de vente revient aux détaillant-e-s suisses et aux propriétaires des moyens de production.
Le mode de vie et le modèle économique du Nord global en sont responsables. Bien qu’ils diffèrent radicalement les uns des autres, il s’agit presque toujours de mode de vie impériaux[5], car ils ne sont rendus possibles que par une surutilisation de ressources naturelles et de main-d’œuvre du Sud global. Le mode de vie des plus fortuné-e-s est, par ailleurs, particulièrement préjudiciable à l’environnement et aux populations des pays du Sud.
Le système capitaliste s'est historiquement toujours fortement appuyé sur l'exploitation des pays du Sud. Ces derniers ont été utilisés depuis l’époque coloniale comme fournisseurs de matière première et de main-d’œuvre bon marché et sont donc entrés dans un rapport de dépendance. Aujourd’hui, la supériorité du capital est d’autant plus renforcée par la mondialisation. Les grandes entreprises multinationales se sont en effet depuis longtemps libérées des chaînes de l’État-nation et le capital peut désormais être transféré d’un bout à l’autre du monde en quelques fractions de seconde. Isolés, les États-nations ne peuvent guère s’opposer au pouvoir des entreprises opérant à l’échelle internationale, même s’ils le voulaient. L'espace dévolu aux prises de décisions démocratiques se réduit de plus en plus, les multinationales faisant chanter les États, qui doivent se soumettre devant la logique de la concurrence. La démocratie dérive en dictatures des multinationales. Sous la menace constante de délocalisation d’entreprises, les conditions de travail se sont détériorées et l’imposition des entreprises a été revue à la baisse. Tant que les multinationales pourront transférer, du jour au lendemain, leur production dans un autre pays et choisir selon leur bon plaisir leur domicile fiscal, cela semble presque inconcevable que des États isolés puissent arracher des concessions au capital. Au lieu d’une solidarité internationale, c’est une féroce concurrence qui règne pour les miettes que laissent le pourcent le plus riche. Il en résulte une concurrence internationale et fiscale que les pays du Nord, en raison de leur suprématie colonialiste et impérialiste, remportent toujours.
L’alliance résultant de l’accord tacite entre les gouvernements des pays développés et prospères du Nord et les possédant-e-s a de nombreuses répercussions. Les multinationales ayant leur siège dans le Nord global commettent de graves violations des droits humains dans les pays du Sud et l’environnement y est pollué et détruit. La production industrielle classique est délibérément délocalisée dans les pays dans lesquels les normes environnementales sont permissives et les conditions de travail médiocres. Les élites politiques des pays prospères du Nord fondent leurs politiques selon les seuls des intérêts des détenteur-trice-s de capitaux. Les gouvernements du Nord tirent profit de cette alliance en percevant les faibles impôts survivant à la concurrence fiscale. La Suisse est à l'avant-garde de ce pillage des pays du Sud. Les autres pays perdent, chaque année, plus de trente milliards de recette fiscale, parce que des multinationales déplacent, pour des raisons fiscales, leur siège social en Suisse. À titre de comparaison : avec 30 milliards de francs, tou-te-s les retraité-e-s du continent africain pourraient recevoir pendant six ans une retraite assurant leur minimum vital[6].
Les conséquences de cette alliance malsaine entre le capital et les élites politiques du Nord global sont une misère et une pauvreté massive dans les pays du Sud. Nous devons mettre fin à cette exploitation.
L’expansion du mode vie et du modèle économique impériaux
Le Sud global est, pour le capital, un instrument essentiel pour trouver de nouveaux marchés et de nouvelles possibilités d’investissement. L’impératif de croissance capitaliste oblige à constamment chercher de nouvelles manières d’investir du capital de manière rentable. Pour que cela soit possible, des nouveaux marchés et des nouveaux-elles acheteur-euse-s pour les marchandises produites doivent être trouvés.
La recherche de débouchés commerciaux pour le capital est un des principaux moteurs de la mondialisation et du commerce international. Tous les recoins du monde doivent, si possible, être capitalisés : cela inclut les ressources naturelles comme la forêt tropicale en Asie du Sud-Est, mais également les pratiques économiques alternatives comme les exploitations agricoles locales du continent africain.
En fin de compte, c’est le pourcent le plus riche qui profite le plus de la suppression des frontières pour le capital et de la libéralisation de l’économie mondiale. Et pour arriver à ses fins, il est prêt à jeter par-dessus bord tout principe démocratique. Les grandes multinationales coopèrent avec les élites locales pour s'approprier, souvent par la force, les surfaces agricoles les plus fertiles et les ressources naturelles. Il en résulte l’expulsion et l'expropriation violente d’innombrables êtres humains. En outre, les pays du Sud sont obligés, par l’entremise d’accords de libre-échange, de supprimer les entraves au commerce, réduire les tarifs douaniers ou privatiser d’importants services publics. Celles et ceux qui en font les frais sont les salarié-e-s du Sud global, dont les marchés sont inondés de produits bon marché, empêchant ainsi toute possibilité de développer une économie locale autosuffisante. Cela vaut en particulier pour les pays du continent africain, qui sont inondés de produits agricoles européens fortement subventionnés. Ces derniers sont la plupart du temps, grâce à ces subventions publiques et à des avantages technologiques, moins chers que les marchandises locales.
La situation devient particulièrement dramatique lorsqu’un pays du Sud dépend d'une aide financière internationale. Cette dernière, souvent mise à disposition par le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, n’est accordée que sous des conditions très strictes. Ces deux institutions spécialisées de l'ONU obligent la plupart du temps leurs États débiteurs à entreprendre une réorganisation néolibérale complète de leur appareil d'État. Celle-ci consiste à déréglementer, à libéraliser les marchés, à privatiser et à massivement démanteler les services publics. En résumé : à s’ouvrir complètement aux capitaux étrangers. Une fois qu’un État a reçu un prêt du FMI ou de la Banque mondiale, il lui est quasiment impossible de se libérer de cette relation de dépendance, les intérêts liés au prêt étant massifs, rendant ainsi quasiment illusoire le remboursement de la dette contractée. Les libéralisations forcées profitent certes aux capitaux du Nord global et à la classe possédante locale, mais également, dans une moindre mesure, à la population active des pays du Nord.
Parallèlement à l’expansion du modèle économique capitaliste industriel, le mode de vie impérial s’exporte vers les pays du Sud du global[7]. Ainsi, les symboles typiques du statut social du Nord global, tels que l’automobilité, gagnent également en importance pour les fractions les plus prospères de la classe ouvrière du Sud global. Malgré de très forts rapports d'exploitation, une partie de la classe ouvrière réussit tout de même, en particulier dans les nouveaux pays industrialisés, à sortir de l’extrême pauvreté et à rapprocher de plus en plus son mode de vie de celui du Nord global. Ainsi, même dans le Sud global, les réalités de vie s'éloignent de plus en plus les unes des autres : pour une partie de la population active, les conditions de vie s'améliorent, pendant que la pression augmente fortement sur les autres, qui doivent désormais supporter seules les coûts du mode de vie impérial.
Ces coûts ne cessent aujourd'hui de croître, car, avec l'expansion du mode de vie impérial, les pratiques culturelles et les manières de vivre traditionnelles des pays du Sud sont de plus en plus remplacées par celles gaspilleuses et gourmandes en ressources du Nord global.
L’épreuve de force du capitalisme
Dans le capitalisme, deux tendances opposées sont à distinguer : d'une part, le capitalisme a besoin du Sud global pour qu’il supporte les coûts de notre mode de vie et de notre modèle économique.
D'autre part, le capital s'efforce d'élargir toujours plus sa sphère d'influence afin de trouver de nouveaux-elles preneur-euse-s pour ses biens.
Les deux tendances précédemment décrites ne sont pas des conséquences accidentelles du capitalisme, car elles servent l'objectif premier de l'ordre économique dominant : augmenter les profits du pourcent le plus riche.
Dans l'économie réelle, il n'y a que deux manières d'atteindre cet objectif : la demande peut être augmentée en gagnant de nouveaux-elles acheteur-euse-s, ou les coûts de production peuvent être réduits. Pour simplifier : l'ensemble du gâteau économique peut être agrandi, ou le capital peut se tailler une plus grande part du même gâteau.
Ces deux stratégies reposent en grande partie sur l'exploitation du Sud global.
L'ensemble du gâteau économique est grossi en utilisant le Sud global comme un nouveau marché. Et la part du gâteau s’agrandit en exploitant toujours plus l'environnement et la main-d'œuvre du Sud global.
Néanmoins, ces deux stratégies entrent en contradiction flagrantes l’une avec l’autre.
Dans un monde limité, le mode de vie et le modèle économique impériaux ne peuvent continuellement se propager alors qu'en même temps, ils dépendent de manière existentielle de l'existence de régions extérieures pouvant en supporter les coûts.
Le capitalisme est en train, aujourd’hui, de s’entre-déchirer.
Les importants réservoirs de CO2 que sont les forêts tropicales sont indispensables à la préservation du climat et donc aussi au maintien de l’existence dans le capitalisme. En même temps, le capitalisme détruit la forêt tropicale afin d'augmenter les profits à court terme des multinationales, détruisant au passage ses propres moyens de subsistance.
La production de biens de consommation n’est pas l’unique source de grandes souffrances, mais les déchets des produits ayant dépassé leur courte durée de vie ont également un énorme impact sur l'environnement et les populations du Sud global.
Une grande partie des déchets électroniques générés par les smartphones et les ordinateurs portables est transportée vers les pays du Sud, où ils sont mis en décharge à ciel ouvert. Ces derniers polluent gravement l'environnement et provoquent des maladies au sein de la population locale.
De nombreuses crises du capitalisme sont basées sur cette contradiction entre expansion et répercussion des coûts.
Non seulement la forêt tropicale, mais également de nombreuses autres ressources naturelles sont aujourd'hui massivement surexploitées et polluées. Le mode de vie et de production gaspillant sous-jacent se répand de plus en plus. Toutefois, tous les êtres humains ne peuvent simplement pas vivre comme s'il y avait trois planètes. Les victimes de l’imminente pénurie de ressources sont les membres les plus pauvres de notre société. La pollution des ressources naturelles touche aujourd'hui déjà, en première ligne, les populations du Sud. Dans les pays les plus touchés, un décès prématuré sur quatre est aujourd'hui causé par la pollution environnementale. En Suisse, le chiffre correspondant est environ cinq fois inférieur[8].
La crise climatique imminente est également en grande partie due au fait que les modes de vie et les méthodes de production particulièrement émissifs en gaz à effet de serre sont désormais exportés du Nord vers le monde entier. Bien que les responsables des émissions nocives de gaz à effet de serre vivent encore majoritairement dans le Nord, les coûts se répercuteront également ici là : dans le futur et dans le Sud global. Aujourd'hui déjà, quelque 20 millions de personnes fuient les catastrophes écologiques et les conséquences du changement climatique. Si le changement climatique se poursuit comme envisagé actuellement, les sécheresses, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'élévation du niveau de la mer risquent, d'ici 2040, de déboucher sur 200 millions de réfugié-e-s climatiques. Les populations du continent africain et d'Asie du Sud sont particulièrement menacées.
L'augmentation des migrations involontaires est aussi une conséquence des tendances contradictoires du capitalisme. L'expansion du modèle économique impérial dominant détruit l'économie locale et les structures sociales des pays du Sud. Dans le même temps, la main-d'œuvre et l'environnement des populations du Sud sont massivement exploités et les gens sont expulsés par la force de leurs pays d'origine pour la seule course aux profits d’une minorité aisée. La politique migratoire inhumaine de la communauté européenne montre qu'elle préfère laisser les réfugié-e-s se noyer dans la Méditerranée plutôt que de leur donner l'aide qui doit leur revenir.
La contradiction capitaliste précédemment décrite peut également être appliquée au domaine du travail du « care[9] ». Les coûts du travail salarié sont répercutés sur les femmes*, qui cuisinent et entretiennent gratuitement le ménage, et qui par leur travail assurent que le travail salarié puisse être effectué. Dans le même temps, la force de travail des femmes* est de plus en plus capitalisée et un nombre croissant de femmes* sont aujourd'hui professionnellement actives. Le capitalisme est confronté à une contradiction car, d'une part, il a besoin de femmes* supportant les coûts du travail salarié par le biais du travail du « care » non rémunéré et car, d'autre part, il dépend du fait que la force de travail des femmes* soit également vendue sur le marché. Cela représente, autant dans les pays du Sud global que dans ceux du Nord global, un énorme double fardeau pour un nombre incalculable de femmes* devant effectuer en même temps un travail salarié et le travail du « care ».
Racisme, patriarcat et capitalisme
Bien que les possédant-e-s soient celles et ceux qui profitent le plus de l’exploitation du Sud global, il doit cependant être bien clair que l’exploitation des pays du Sud n’est pas problématique uniquement lorsqu’elle est située à la frontière entre le capital et le travail. Elle est également étroitement liée à des schémas sexistes et surtout à des discriminations à caractère raciste.
La fonction de décharge du capitalisme attribuée aux pays du Sud dans le système-monde capitaliste date de l'époque coloniale, et reposait autrefois déjà essentiellement sur des discriminations raciales. Ce rôle a été quotidiennement reproduit jusqu’à aujourd’hui. L'indignation lorsque d'innombrables réfugié-e-s se noient en mer Méditerranée est à peine perceptible, contrairement à celle suivant les catastrophes touchant principalement des personnes blanches.
Les discriminations demeurent particulièrement invisibles lorsque les personnes en souffrant sont affectées par plusieurs dimensions de ces discriminations. Lorsque le classisme rencontre le racisme, le sexisme ou les deux. Il en est par exemple ainsi pour les femmes* du Sud global. L'exploitation du travail du « care » des femmes* des pays du Sud n’est jamais mentionnée, même dans les discussions portant sur l'exploitation du Sud global. 70% des personnes touchées par la pauvreté dans le monde sont de genre féminin[10]. Par ailleurs, ce sont les femmes* du Sud global qui sont les plus menacées par la crise climatique imminente. D'une part, parce qu’étant responsables de l'approvisionnement en nourriture et en eau, elles seront plus directement confrontées aux conséquences de la sécheresse. D'autre part, parce que les femmes* sont souvent plus touchées par les catastrophes environnementales. Ainsi, trois fois plus d'hommes* que de femmes* survécurent au tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est, selon les estimations[11].
Le manque de visibilité des réalités de vie des personnes subissant de multiples discriminations est particulièrement problématique, car, ce faisant, les injustices existantes ne peuvent être correctement combattues.
L’exploitation des populations du Sud global est le meilleur exemple en la matière, puisqu’elle repose à la fois sur des schémas de pensée racistes et sur du mépris de classe.
Le combat contre l’exploitation du Sud global est par conséquent aussi un combat contre le patriarcat, le racisme et le capitalisme.
Nos revendications – penser global, agir local
Nous nous opposons à toute discrimination et à l’exploitation des populations du Sud global. Cet objectif est inextricablement lié à la lutte contre l’imminente crise climatique et environnementale, dont les conséquences toucheront principalement le Sud global. Le mode de vie et le modèle économique impériaux aux dépens des pays du Sud doivent enfin cesser. Nous aussi, salarié-e-s en Suisse, profitons de l’exploitation du Sud global. Néanmoins, nous souffrons également du même système d’exploitation. C’est précisément la raison pour laquelle nous sommes dans l’obligation d’inclure réellement tous les peuples dans notre lutte pour une vie meilleure, pour toutes et tous. D'autant plus que notre marge de manœuvre est plus grande que celle des populations du Sud, et nous avons donc la responsabilité d'en faire (bon) usage.
C’est pourquoi la Jeunesse Socialiste Suisse revendique :
Muselons la finance !
La Suisse est l’une des plus importantes places financières du monde. En investissant dans la production de matériel de guerre, les banques et les caisses de pensions suisses financent guerres et répressions dans le monde entier. En finançant des projets et des entreprises liés aux travaillant avec les énergies fossiles, la place financière suisse émet vingt-deux fois plus de gaz à effet de serre que la Suisse n’en émet directement. Ainsi, la finance est l’un des plus importants leviers d’action que nous offre la Suisse.
Nous revendiquons donc :
- Une interdiction de financements dans des producteurs de matériel de guerre et des entreprises ou projets liés aux énergies fossiles
- Une interdiction des transactions spéculatives, en particulier sur les denrées alimentaires, les surfaces agricoles et le logement
Des multinationales au service de l’humain !
Les multinationales ayant leur siège en Suisse commettent des violations des droits humains dans le monde entier. L’exploitation de la main-d’œuvre et de l’environnement dans le Sud global doit enfin cesser. En tant que principale plaque tournante internationale du commerce des matières premières, la Suisse joue un rôle particulièrement important dans l'exploitation des pays riches en matières premières.
Nous revendiquons donc :
- En Suisse, seuls des produits dont la production a été rémunérée par un salaire assurant le minimum vital doivent être vendus[12]
- Un contrôle démocratique des multinationales par assemblée composée de représentant-e-s élu-e-s des employé-e-s et des populations de chaque pays dans lequel opère l'entreprise
Halte au pillage fiscal du Sud !
Les pays du Sud perdent chaque année des centaines de milliards de recettes fiscales à cause du dumping fiscal et de l’optimisation fiscale des entreprises. Cela rend la mise en place d'un système éducatif et de sécurité sociale complets impossible. La Suisse est l'une des actrices les plus agressives de la concurrence fiscale, en particulier dans le domaine de la fiscalité des entreprises.
Nous revendiquons donc :
- Une harmonisation internationale de l’imposition des entreprises
- Le remboursement de tous les impôts sur les sociétés des vingt dernières années ayant échappé au Sud global à cause de l’optimisation fiscale de la Suisse
Halte à la destruction de nos moyens communs de subsistance !
Les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites à zéro d'ici à 2030. La consommation de ressources en Suisse doit être également drastiquement réduite si nous voulons empêcher l’imminente crise climatique et environnementale. Un changement du mode de vie et du modèle économique impériaux suisses et une démocratisation de nos ressources naturelles sont nécessaires. L'économie doit être subordonnée aux besoins de la population, et non l'inverse.
Nous revendiquons donc :
- Une réduction radicale du temps de travail
- Une réduction des émissions de gaz à effet de serre à zéro d'ici à 2030
Une gauche pour l’ensemble des 99% !
Pour mettre fin à l’exploitation du Sud global, une gauche unie se portant garante des intérêts des 99% est nécessaire et cela peu importe le pays ou la couleur du passeport des gens. La lutte contre la concurrence fiscale, les grandes multinationales et la finance ne peut être menée qu’ensemble. Nous revendiquons donc :
- La fondation d’une nouvelle internationale pour le 99%
[1] www.medico.de/warum-menschen-fliehen-16487/ (9.5.2019)
[2] Brand, Ulrich; Wissen, Markus: Imperiale Lebensweise, 2017
[3] www.snf.ch/de/fokusForschung/newsroom/Seiten/news-140318-mm-die-lohnquote-in-der-schweiz-bleibt-konstant.aspx (9.5.2019)
[4] www.srf.ch/news/international/made-in-bangladesch-oder-fairtrade-was-kostet-ein-t-shirt (9.5.19)
[5] Mode de vie impérial : mode de vie et de production du Nord global basé sur une surutilisation de ressources et de main-d’œuvre du Sud global. Les préjudices du dit mode de vie sont, en particulier dans le Sud global, une destruction de la nature et une exploitation massive d’êtres humains. À gauche, ce concept est en partie critiqué, car ne faisant pas de différence entre les différents modes de vie du Nord global.
[6] Baumann, Hans; Ringger, Beat: Unternehmenssteuern: Schweiz raubt anderen Ländern jährlich CHF 29.2 bis 36.5 Milliarden Steuereinnahmen, 2012
[7] Brand, Ulrich; Wissen, Markus: Imperiale Lebensweise, 2017
[8] www.tagesanzeiger.ch/wissen/medizin-und-psychologie/umweltverschmutzung-fordert-15mal-mehr-tote-als-krieg/story/12753772 (9.5.2019)
[9] Travail du care : activités rémunérées ou non, par lesquelles des êtres humains prennent soin d’eux-mêmes ou des autres. P. ex. : cuisinier, s’occuper ou réconforter des enfants.
[10] www.heks.ch/was-wir-tun/unsere-schwerpunkte/entwicklung-laendlicher-gemeinschaften (9.5.2019)
[11] https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/115038/bn-tsunami-impact-on-women-250305-en.pdf;jsessionid=143A14309FD510982403D11975618767?sequence=1 (9.5.2019)
[12]www.publiceye.ch/de/themen/mode/existenzlohn (9.5.2019)