Pour un mouvement antifasciste fort et visible !

23.02.2021

Pour un mouvement antifasciste fort et visible !

Résolution adoptée lors de l'Assemblée annuelle en ligne du 20 février 2021

Les évènements qui ont touché le Capitole américain début janvier 2021 ont indigné le monde entier. Mais seule une minorité était réellement surprise - tout le monde sait désormais à quel point la limite de ce qui peut se faire et ce qui peut se dire s'est déplacée vers la droite au cours de ces dernières années. Dans le cours des 18 derniers mois, en Allemagne, treize personnes ont commis des attentats à caractère racistes et antisémites. À cela s'ajoutent des attaques et agressions quotidiennes.[1] Et on continue pourtant à parler de "cas isolés", quand bien même il est clair depuis longtemps que ce sont des réseaux d'étendue internationale qui arment et forment les perpétrateurs*rices. Ils sont formés idéologiquement par des structures organisées comme, par exemple, la "Mouvance Identitaire", active dans plusieurs pays d'Europe, qui aspire à un nettoyage ethnoculturel de la "culture européenne".

En Suisse aussi, on n'a pas cessé de découvrir de nouvelles organisations d'extrême droite et fascistes durant ces dernières années. Comme exemples connus à l'heure actuelle, on a le "Nationale Aktionsfront", (Front d'Action National) ou la "Eisenjugend" (Jeunesse de fer) de la région de Winterthur. Jusqu'à présent, ces structures sont encore plutôt discrètes en public. Cela ne les rend pas moins dangereuses. Beaucoup d'entre elles sont armées, et appellent à la violence dans leurs textes.

La législation libérale de la Suisse est particulièrement favorable aux extrémistes de droite. Des groupes armés comme Combat 18[2], qui sont interdits en Allemagne, ont le droit d'exister ici. L'utilisation de symboles d'extrême droite ou fascistes est encore moins interdite. Cette situation fait de la Suisse un lieu de rencontre très attractif pour les réseaux d'extrême droite.

La Suisse est pour l'instant restée relativement épargnée par les violences des extrémistes – notamment grâce au travail antifasciste accompli quotidiennement. Cependant, si on ne fait pas barrage aux tendances actuelles, ce n'est qu'une question de temps. Les extrémistes sont déjà depuis longtemps parvenus au cœur de la société. La pandémie aggrave encore cette situation. Les récents mouvements d'opposition aux mesures de santé publique - les autoproclamé-e-s rebelles du corona - offrent un terreau fertile à l'antisémitisme et à la radicalisation à droite. Il est grand temps d'agir.

Radicalisation à droite

La radicalisation à droite a, dans ces dernières années, pris toute une variété de formes. En parallèle des classiques rencontres dans des caves avec des symboles explicitement fascistes et la rhétorique qui va avec, de plus en plus de personnes sont radicalisées sur les réseaux sociaux, avec des mêmes ou par des chats. On y retrouve toujours des contenus antisémites, populistes et racistes en trame de fond, mais ils ne sont plus directement ou ouvertement mis en lien avec le national-socialisme. L’ethno-différencialisme de la "Mouvance Identitaire" en est un exemple. Ce terme rend le fascisme et l'extrémisme de droite plus accessibles à différentes classes d'âge et couches sociales.

Pour un mouvement antifasciste fort et visible!

Une réaction à ces mouvances est indispensable, et elle doit se faire de manière multiple et visible. Le but est d'arrêter le glissement à droite de la société. Pour rallier autant de personnes que possible à ce combat, l'antifascisme doit être accessible. La JS Suisse sait que les extrémistes de droite représentent actuellement un réel danger. C'est pour cette raison qu'elle prend de nouvelles mesures.

Les mesures suivantes sont mises en place :

  • Nouvelle alliance antifasciste

L’année 2021 marque les dix ans du massacre des jeunes socialistes norvégien-e-s par l'extrême droite à Utøya. Un évènement que l’on ne doit pas oublier. La JS Suisse prend ce jour anniversaire comme une occasion de discuter avec un large groupe de partenaires à gauche et au sein de la société civile des possibilités d'une nouvelle structure antifasciste visible.

  • Aide directe en cas d'agression

Avec l’aide d’organisations existantes telles que "Netz Courage" et au sein de ses propres structures, la JS Suisse construit un réseau de soutien contre les attaques racistes, antisémites, d'extrême droite, homophobes et transphobes sur les réseaux sociaux. Ainsi, nous pourrons nous opposer aux campagnes de dénigrement et protéger nos membres ainsi que d'autres personnes.

  • Qu'on en finisse avec l'extrême droite internationale en Suisse

La JS Suisse attire en outre l'attention sur les lacunes du système juridique suisse, qui laissent beaucoup trop de latitude aux mouvements de la droite radicale.


[1] https://www.woz.ch/-afd7 (29.01.2021)

[2] 18 représente les initialies A.H.