Stop à la politique d’expulsion raciste des USA !

19.05.2025

Résolution adoptée lors de l'assemblée des délégué·es de la JS Suisse du 17 mai 2025 à Sierre (VS)

Aux États-Unis, le gouvernement Trump mène une politique d’expulsion massive. Ces infractions horribles aux droits humains font partie de la machine fasciste qui s’y installe déjà. Aujourd’hui plus que jamais, la solidarité antifasciste est nécessaire pour renverser ce système.

Environ quatorze millions de personnes vivent aux USA sans statut de séjour régulier[1]. Trump avait déjà annoncé dans son programme qu’il expulserait les personnes présentes aux USA sans permis de séjour, mais l’ampleur de sa forfaiture reste choquante même après son annonce. Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump a drastiquement durci la politique d’immigration et d’expulsion étasunienne, causant une agitation considérable à l’international. L’élément central en est une vague de déportation de masse sans précédent, menée en partie au mépris des principes de l’État de droit[2]. Sous prétexte de défendre la "sécurité nationale", plus de 130 000 personnes ont déjà été expulsées des USA selon les sources officielles[3] — dont une bonne partie dans le cadre de procédures accélérées sans passage par la justice. Beaucoup des personnes expulsées sont des détenu·es, et les arrestations arbitraires se multiplient dans les villes gérées par des élu·es démocrates[4]. La politique d’expulsion de Trump n’a rien de nouveau, mais elle s’est fortement radicalisée par rapport à son premier mandat : les autorités ont recours à des techniques douteuses, expulsent des personnes hors du circuit de la justice et utilisent à cette fin des véhicules militaires. Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur de Trump mène une politique d’intimidation : les sanctions journalières pour les personnes concernées, les rafles géantes et la criminalisation des personnes qui s’engagent pour les réfugié·es sont maintenant monnaie courante aux États-Unis.

Le nouveau rôle de Guantánamo Bay projette également une ombre à la connotation historique sombre. Le tristement célèbre camp de prisonniers à Cuba est à nouveau partie intégrante de la stratégie sécuritaire de Trump. Il est ainsi prévu que Guantánamo Bay soit développé et transformé en un camp d’incarcération de migrant·es à grande échelle. L’objectif déclaré est de construire un centre séparé de plus de 30 000 places pour les soi-disant "étrangère·ers illégales·aux criminel·les" capturé·es par le service américain de l’immigration ICE[5]. Les médias témoignent que les premières personnes migrantes ont déjà été expulsées vers la base militaire américaine de Guantánamo Bay[6]. L’idée d’utiliser Guantánamo comme un espace hors des lois pour les "personnes indésirables" constitue un mépris inquiétant des droits humains et un retour aux pratiques d’incarcération extrajudiciaire, en plus d’être profondément raciste.

On trouve un symbole supplémentaire de cette politique de dissuasion autoritaire au Salvador, avec sa prison de 40 000 places construite pour les membres de gangs par le président Nayib Bukele et connue pour ses conditions de détention inhumaines. L’incarcération de masse, la violence exécutive incontrôlée et la criminalisation des groupes de population marginalisés sont présentés comme la solution à la criminalité[7]. Diverses ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, attestent des conditions inhumaines dans la prison. Leurs rapports font état d’une surpopulation extrême, d’un accès insuffisant aux soins médicaux et sanitaires et de maltraitances omniprésentes — incluant des pratiques de torture — constituant des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes[8]. Les USA ont déporté 261 membres présumés d’un gang vénézuélien vers le Salvador en mai de cette année, dont 137 hommes expulsés sur la base de l’Alien Enemies Act . Cet "acte sur les ennemis étrangers" est une loi martiale controversée du 18e siècle qui permet au Président de disposer de pouvoirs exceptionnels pour ordonner l’incarcération et la déportation d’"ennemi·es" étrangère·ers. Cette procédure est contestée sur le plan juridique : le 8 avril, la Cour suprême se prononcera pour déterminer si Trump peut recourir à l’Alien Enemies Act pour expulser des membres de gang présumé·es. Il doit cependant dans tous les cas être possible de contester l’expulsion[9]. Un juge fédéral a ainsi pu suspendre, au moins temporairement, l'expulsion des migrant·es dans le Colorado[10].

Cette restriction judiciaire ne change cependant rien au caractère fondamental des déportations, illégales selon le droit étasunien[11]. Ce à quoi nous assistons n’est pas seulement le démantèlement des garanties de l’État de droit, mais aussi une sortie délibérée de l’État de droit lui-même — une caractéristique centrale des gouvernements autoritaires et fascistes. Cela montre de manière particulièrement claire la manière dont les expulsions sont utilisées non pas comme instrument de contrôle de l’immigration mais au service d’un régime disciplinaire politique. La menace d’expulsion faite aux étudiant·es palestinien·nes et particulièrement à celles et ceux qui s’expriment en public contre le génocide à Gaza le montre. Le cas de Mahmoud Khalil illustre la manière dont l’expression d’opinions politiques est criminalisée de manière ciblée et réprimée par l’État[12]. L’inaction des puissances mondiales qui banalisent le fascisme en train de s’installer est inacceptable et doit être violemment critiquée.

Une résistance complexe se forme aux États-Unis face à la radicalisation de la politique d’expulsion du gouvernement Trump. Celle-ci va de l’engagement citoyen à l’information juridique[13], en passant par des actions directes visant à empêcher ou du moins retarder les expulsions.

Cette résistance est plus importante que jamais ! La JS Suisse prend donc une position claire :

  • La JS Suisse se solidarise des actions de résistance aux déportations ainsi qu’aux organisations socialistes aux USA.
  • Il est nécessaire d’établir une résistance organisée pour la chute du gouvernement fasciste, seule manière d’arrêter le régime qui s’installe.
  • La JS Suisse condamne la politique de complaisance du Conseil fédéral suisse et demande que celui-ci prenne enfin position contre le régime fasciste en cours de formation.
  • La JS Suisse se positionne clairement pour la décriminalisation des personnes migrantes et identifiées comme telles ainsi que des groupes de personnes marginalisés de manière générale.

[1] https://www.woz.ch/2507/abschieberazzien-in-den-usa/verstecken-und-durchhalten/!D7JTTSHAJRDY

[2] https://www.amnesty.org/en/latest/news/2025/03/unlawful-expulsions-to-el-salvador-endanger-lives-amid-ongoing-state-of-emergency/

[3] https://www.politico.com/news/2025/04/28/tom-homan-trump-deportations-immigrants-00312327

[4] https://www.bbc.com/news/articles/cd6434dq7p1o

[5] https://www.washingtonpost.com/immigration/2025/02/04/guantanamo-bay-immigrants-deportation-flights/

[6] https://www.srf.ch/news/international/us-militaerstuetzpunkt-weisses-haus-erste-migranten-werden-nach-guantanamo-gebracht

[7] https://www.amnesty.org/en/latest/news/2025/03/unlawful-expulsions-to-el-salvador-endanger-lives-amid-ongoing-state-of-emergency/

[8] https://www.hrw.org/news/2025/03/20/human-rights-watch-declaration-prison-conditions-el-salvador-jgg-v-trump-case

[9] https://www.bbc.com/news/articles/cy871w21d3vo

[10] https://www.newsweek.com/federal-judge-halts-trump-deportations-amid-fears-false-gang-ties-2060060

[11] https://www.reuters.com/world/us/trump-cannot-use-alien-enemies-act-deport-venezuelans-judge-rules-2025-05-01/

[12] https://www.tagesschau.de/ausland/amerika/columbia-universitaet-demos-100.html

[13] https://www.sueddeutsche.de/politik/migration-wie-sich-chicago-gegen-trumps-abschiebepolitik-stemmt-dpa.urn-newsml-dpa-com-20090101-250217-930-377405