Une éducation gratuite plutôt qu’une explosion des taxes d’études !

19.05.2025

Résolution adoptée lors de l'assemblée des délégué·es de la JS Suisse du 17 mai 2025 à Sierre (VS)

Le Conseil fédéral a adopté le 29 janvier 2025 le projet de consultation pour le paquet de mesures d'allègement 27 (EP27). Ce projet vise à réduire le budget fédéral de 2,7 à 3,6 milliards de francs à partir de 2027[1]. Ces coupes budgétaires linéaires – qui concernent tous les départements – ne s’appliquent cependant pas à l’armée qui voit son budget exploser avec 13 milliards supplémentaires d’ici à 2030[2]. Cette politique bourgeoise des finances est extrêmement dangereuse, notamment en ce qui concerne les hautes écoles.

Parmi les 59 mesures proposées, trois concernent spécifiquement les hautes écoles et les universités, à savoir renforcer le financement par les étudiant·es des hautes écoles cantonales, pareil pour les étudiant·es des écoles polytechniques fédérales (EPF) et enfin couper dans les subventions attribuées pour des projets spécifiques pour les hautes écoles[3].

Ces mesures « justifiées » selon la Confédération met en péril le bon fonctionnement de la formation tertiaire en Suisse et sape l’égalité des chances en asphyxiant les étudiant·es les plus précaires. L’accessibilité de l’éducation supérieure est donc très clairement réduite et augmentent encore les inégalités sociales existantes.

Un programme bourgeois qui nuit à l’égalité des chances

Actuellement, les étudiant·e·s suisses paient en moyenne 1 445 francs par an en frais de scolarité. Avec la proposition d'augmentation des frais de scolarité, ces coûts pourraient doubler pour atteindre environ 2 900 francs par an. Pour les étudiant·es étrangère·ers, les frais pourraient même tripler, ce qui représenterait une charge financière insoutenable.

Actuellement, les étudiant·es sont déjà une catégorie précarisée[4]. Avec la pandémie de COVID-19, puis la forte inflation la proportion de précarité étudiante a augmenté ces dernières années et touchait plus de 45'000 personnes en 2022[5],[6]. Les étudiant·es étrangère·ers étaient encore plus touché·es[7].

Avec ces augmentations, seul 31% des étudiant·es étrangère·ers de l’EPF Zurich auraient tout de même choisi cette université pour venir y étudier. Pire, 95% d’entre elleux assuraient devoir demander une augmentation de leur bourse d’étude suite à ces augmentations de tarifs ! [8]La classe estudiantine suffoque.

En plus des étudiant·es, ce sont les institutions en général qui vont pâtir de cette situation. En effet, les hautes écoles et les universités devront trouver des moyens de compenser la réduction des financements publics. Les institutions pourraient également être contraintes de réduire certains services ou programmes pour équilibrer leur budget. Rien que pour les deux EPF, ce ne sont pas moins de 100 millions à compenser au total ![9]

Situation internationale

Les taxes d’études sont en principe plus élevés aux États-Unis, 27'000 euros en moyenne par année et par personne, et en Angleterre avec 11'000 euros de moyenne[10]. En comparaison internationale, les frais de scolarité en Suisse sont relativement bas. Cependant, sur sol européen, la situation est tout autre. En France ou en Allemagne, ces tarifs tombent sous les 1000 euros par an[11]. Cette situation fait de la Suisse l'un des endroits où les études sont les moins accessibles en Europe pour les personnes issues de familles non aisées, en raison des frais élevés.

Les chercheuse·eurs constituent une classe hétérogène composée de professeur·es bourgeois·es et d'un corps intermédiaire précaire. Les professeur·es peuvent fuir, mais les personnes moins favorisées du système universitaire et de la société en général ne le peuvent pas.

L’augmentation des taxes d’études rend l’université encore moins accessible pour les personnes issues de familles non aisées, renforçant ainsi la reproduction sociale. Cette situation touche directement les étudiant·es précaires en Suisse, qui se retrouvent dans des conditions de vie de plus en plus difficiles.

La JS Suisse s’oppose donc fermement à ces augmentations de taxes d’études et :

  • Réclame la gratuité de l’enseignement tertiaire pour tou·tes les étudiant·es suisses et étrangère·ers.
  • Exige que les budgets alloués pour les bourses d’études soient réhaussés pour couvrir les frais des étudiant·es.
  • Demande au Conseil fédéral d’investir massivement dans la recherche et la formation pour adapter les infrastructures et offrir des conditions cadre aux étudiant·es et au corps intermédiaire qui leur permettent de vivre dignement.
  • Presse le gouvernement à mettre en place des mesures d’urgence pour accueillir les personnes refoulées des États-Unis et des autres pays où la liberté académique n’est pas garantie.
  • Rappelle l’importance du Fonds national suisse et demande que son budget soit augmenté.

[1] https://www.efv.admin.ch/efv/fr/home/aktuell/brennpunkt/entlastungspaket-27.html

[2] https://www.vbs.admin.ch/fr/depenses-armee-1-pourcent-pib-2030

[3] Ibid [1].

[4] Ibid [1].

[5] https://www.rts.ch/info/economie/14542992-les-etudiants-etrangers-en-suisse-sont-les-plus-precarises.html#:~:text=Tout%20comme%20elle%2C%20de%20nombreux,354%20millions%20ont%20été%20distribués.

[6] https://www.blick.ch/fr/economie/l-inflation-etrangle-les-etudiants-j-ai-deja-envisage-de-me-prostituer-pour-payer-mes-factures-id18536010.html#

[7] Ibid [5].

[8] https://vseth.ethz.ch/hopo-en/eth-board-decision-on-tuition-fee-increase/

[9] https://www.admin.ch/gov/de/start/dokumentation/medienmitteilungen.msg-id-100334.html#:~:text=Budgetkürzungen%20des%20Bundes%20gefährden%20die,nächsten%20Jahr%20gar%20200%20Mio.

[10] Ibid [1].

[11] Ibid [1].