Résolution approuvée lors de l'Assemblée des délégu·e·s du 18/19 février 2018 à Berne.
Après un hiver politique relativement calme, la France est face à une possible explosion sociale depuis le 22 mars. A compter de ce jour, les cheminots ont mené une grève de 6 jours afin de lutter contre la privatisation de la SNCF. Ceci n’est pas sans conséquence dans une situation politique particulièrement tendue : plusieurs secteurs ont entre-temps rejoint le mouvement, entre autres les employé-es d’Air France (4 jours de grève), la Poste, les hôpitaux et les étudiant-es dans tout le pays.
La marche des postiers du 12 avril à l’Uni de Paris Nanterre, un des épicentres de Mai 68, est emblématique de cette „Convergence des luttes“.
Le Président et ex-banquier Emmanuel Macron est face à une situation délicate. D’une part, comme représentant des capitalistes français, il est contraint de procéder à des réformes afin d’améliorer leurs conditions de profit. Ceci est absolument nécessaire, les parts de marché des entreprises françaises au sein de l’UE ont encore diminué en 2017. Les chiffres relatifs à la dette de l’Etat publiés fin mars ont encore augmenté la pression. D’autre part, de petites réformes (par ex. la Loi sur le Travail) mènent déjà à de fortes mobilisations. Macron tente de se libérer de ce nœud coulant en servant des réformes anti sociales à petites doses et en gouvernant de préférence avec des décrets. Tout en promettant régulièrement à la classe dominante qu’il mènera ses réformes « jusqu’au bout ».
A l’heure où Macron montre officiellement quels intérêts il représente, ceux des capitalistes, le PS poursuit son auto mutilation. Lors du Congrès de la semaine dernière, on se contente d’un discours sur l’endurance tout en renonçant purement et simplement à une analyse de la présidence sous Hollande. Le parti brille aujourd’hui par son absence lors des mobilisations de masse ; au fond, les parlementaires PS avait soutenu en bloc, en 2016, la réforme (issue de la droite) de la SNCF. Le nouveau secrétaire du Parti, Olivier Faure, devait lors d’une manifestation être accompagné de son service de protection pour faire face aux cheminots en colère.
Les classes opprimées de France démontrent à contrario clairement qu’elles sont prêtes à poursuivre le mouvement. Les voix en faveur d’une grève totale et illimitée au sein des associations de cheminots se font de plus en plus fortes. Le mouvement estudiantin contre la loi sur l’accès aux études supérieures (soit, l’orientation de la formation en fonction des intérêts capitalistes) s’est développé en un rien de temps. Durant des mois, la mobilisation était léthargique, mais entre-temps, plus de 30 facultés ont organisé des assemblées rassemblant des centaines voire des milliers d’étudiant-es (Toulouse, Montpellier, nantes, Paris), et d’autres les rejoignent.
Macron et ses alliés tentent de maîtriser le mouvement avec quelques agressions répressives brutales. Le message politique est clair : avant d’être attaquée, comme en 2016, par des millions de travailleur-euses dans la rue, la classe dominante essaie d’empêcher la « convergence des luttes », encore trop limitée à des étudiant-es organisés de manière locale. Elle démontre cependant et de manière tangible que la convergence ne représente pas uniquement un idéal lointain, mais plutôt une nécessité urgente pour la résolution des problèmes humains. Un mouvement de grève massif et unifié dans tous les secteurs est nécessaire pour démontrer les véritables rapports de force au sein de la société. Ce n’est qu’ainsi que pourront être réprimées les agressions du bloc constitué de la bourgeoisie, de l’appareil de l’Etat et des bandes fascistes.
C’est pour cette raison que la JS suisse soutient sans conditions les cheminots, les travailleur-euses et les étudiants-es dans leur combat !