R ésolution adoptée lors de l’Assemblée annuelle du 19.02.2021 à Berne
La politique suisse en matière de gestion de la pandémie s’est avant tout orientée ces deux dernières années en fonction des intérêts du capital, comme l’explique la résolution « Deux ans de pandémie de covid : plus de crises sur le dos des 99% ! » (R2). Cette résolution-ci porte sur l’évolution actuelle de la pandémie et la position du PS ainsi que des autres organisations de gauche à ce sujet.
Les décisions du Conseil fédéral en faveur du capital et contre les 99% ces 24 derniers mois étaient celles de l’ensemble du Conseil fédéral. Toutefois, en tant que membre du Conseil fédéral et ministre de la santé, le conseiller fédéral Alain Berset porte également ces positions. En raison de son département, Alain Berset est même le visage de la politique suisse en matière de gestion de la pandémie et donc d’une politique bourgeoise de gestion de la pandémie. Les positions qu’il défend sont par conséquent perçues comme les siennes et même parfois comme celles du PS. Le fait que beaucoup de personnes soient heureuses que ce n’est pas un·e membre de l’UDC qui chapeaute l’OFSP ne change rien à cette situation. Par ailleurs, ces deux derniers mois, Alain Berset s’est fait remarquer avec des déclarations inconciliables avec une politique de gestion de la pandémie prévoyante (p.ex. comparaison d’Omicron avec une grippe). Cela lui a valu des critiques de la part des personnes favorables aux mesures, alors que la NZZ l’a applaudi.
De manière générale, le PS Suisse a approuvé ce comportement et a soutenu son conseiller fédéral durant les deux dernières années. Alors que l’UDC a communiqué de manière toujours plus offensive face aux mesures, le PS est avant tout resté sur la retenue en ce qui concerne les questions épidémiologiques. Depuis la fin de l’automne 2021, le parti a encore moins communiqué et a ainsi abandonné l’évaluation des mesures du Conseil fédéral aux partis de droites et aux faîtières économiques. Le PS n’était pas la seule organisation à manquer d’une communication visible en la matière. Une grande partie de la gauche, dont les Vert.e.s et les syndicats, tiraillé·e·s entre la surcharge et la peur de perdre des électeurs·trices, ont eu de la peine à prendre des positions claires et à lutter pour une amélioration de la situation des 99%. La communication dénuée de critiques face à la décision du Conseil fédéral de lever un certain nombre de mesures début février est la conséquence directe du mutisme du PS pendant plusieurs mois. Au lieu de mettre en évidence ce qui n’allait pas (encore), qui devait être mieux protégé·e et quelles mesures d’accompagnement était nécessaires, seules les décisions du Conseil fédéral ont été saluées. Cela est d’autant plus regrettable que lors des vagues précédentes du Covid, le PS Suisse a monté qu’il voyait où se situaient les intérêts des travailleurs·euses et l’a également communiqué.
Pour la JS Suisse, cette retenue dans la communication durant presque toute la pandémie et l’absence de communication ces derniers mois est l’expression de mauvaises décisions stratégiques de la part du PS Suisse et d’autres organisation de gauche en Suisse. En tant que plus grand parti de gauche, le PS doit avoir pour objectif de marquer de sa patte la politique de gestion de la pandémie de la Suisse et servir de contrepoids à la propagande assidue de l’UDC et des faîtières économiques. Le périodes de crise mettent en évidence les rapports de force et sont par conséquent hautement politiques. Le mutisme de la gauche renforce l’idée dangereuse selon laquelle le monde politique devrait être sur la retenue et qu’il s’agirait avant tout d’une question de gestion technocratique. Le PS doit souligner dans sa communication quelles mesures économiques doivent être prises en faveur des 99%, même si ces mesures ne peuvent obtenir aucune majorité au sein du Parlement ou du gouvernement. Le PS doit porter ces positions avec conviction , même si cela implique de critiquer entre autres son propre conseiller fédéral, qui , siégeant dans une gouvernement dominé par la droite bourgeoise, ne peut de toute façon pas défendre des positions de gauche vers l’extérieur.
Pour la JS, il est clair que la pandémie n’est pas terminée, même si une surcharge des hopitaux a pu être évitée en raison du variant Omicron. Les conséquences à long temps de la vague actuelle vont encore nous occuper longtemps, que ce soit sur le plan de la santé (Covid long) ou de l’économie (pertes de salaire dues au chômage partiel, licenciements ou pertes de revenus pour les petites entreprises). De plus, des milliards de personnes dans le monde attendent encore un vaccin. C’est également pour cette raison que des nouvelles mutations du virus sont encore possibles en tout temps, car la pandémie ne sera terminée que lorsque toutes les personnes du monde seront immunisées grâce au vaccin ou suite à une guérison du Covid. Le PS doit changer sa stratégie pour la suite de la pandémie et exiger des changements qui remettent en question le système dominant. Il faut mener une politique conséquente (en matière de gestion de pandémie) pour les 99%, peu importe qui siège au gouvernement.
La JS Suisse tire les conclusions suivantes :
- Le PS Suisse doit s’engager pour une politique de gestion de la pandémie favorable aux 99% et critiquer son conseiller fédéral, lorsque celui-ci porte des mesures politiques bourgeoises.
La JS Suisse continuera de s’engager au sein du PS pour que cette direction soit prise, si nécessaire avec des résolutions au sein du Conseil de parti, lors des Congrès ou avec une critique publique, si le PS ne s’engage pas pour une politique de gestion de la pandémie dans l’intérêt des 99%.