Pour une réelle opposition socialiste en Allemagne

18.02.2025

Résolution approuvée lors de l’Assemblée Annuelle de la JS Suisse du 15 février 2024 à Berne.

Suite à la rupture du gouvernement de coalition "en feu tricolore" (socialistes, verts et libéraux-démocrates , NdT ) à la tête de l’Allemagne par le retrait du Parti libéral-démocrate en novembre dernier, de nouvelles élections vont se tenir le 23 février prochain.

Le PS Suisse soutient traditionnellement le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) lors des élections allemandes. Nous l’avons vu par exemple quand le Coprésident du PS Cédric Wermuth ainsi que Jon Pult et Fabian Molina se sont rendus à Berlin suite aux dernières élections au Bundestag en septembre 2021 pour féliciter le Chancelier alors nouvellement élu Olaf Scholtz de sa victoire. Wermuth a alors même parlé d’un "tournant de l’époque"[1], bien que le SPD ait alors déjà passé huit ans à contribuer à la direction du pays.

Le SPD fait déjà l’objet de critiques de gauche depuis longtemps. Cette résolution tente d’établir pourquoi il ne correspond pas à nos valeurs et quelles alternatives y sont envisageables.

Certes, la coalition en feu tricolore menée par le SPD a notamment augmenté le salaire minimum à 12 € en 2022 suivant ses promesses électorales. Cependant, selon les syndicats, il aurait dû monter à 13,50 € minimum d’ici à 2024, mais n’est finalement passé qu’à 12,41 €, soit une augmentation de 41 centimes seulement[2].

Le SPD porte la responsabilité directe du retard pris dans la sortie du charbon nécessaire pour la lutte contre la crise climatique[3].

Le SPD préconise également de verser des milliards de "dédommagements" pour la sortie aux entreprises d’exploitation du charbon[4], bien que celles-ci aient déjà réalisé des milliards de profit au cours des dernières décennies en détruisant notre environnement. Difficile dès lors de ne pas constater le lien avec les dons importants faits par des entreprises charbonnières au SPD (aussi appelés corruption, ou "lobbying")[5].

Le même jour lors des dernières élections au Bundestag, 57,6 % des Berlinois ont voté pour la nationalisation de l'entreprise immobilière "Deutsche Wohnen" dans l'espoir d'obtenir des loyers plus bas[6]. Bien que le SPD demande lui aussi officiellement davantage de logements abordables, il s'est opposé à la mise en œuvre de cette décision populaire et s'oppose par principe à l'expropriation[7].

Le SPD est favorable aux expulsions et s'engage à les faciliter. Il ne s'agit pas là d'une analyse d'extrême gauche, mais bien d’une reprise directe du site du groupe parlementaire du SPD au Bundestag[8].

Le candidat à la chancellerie du SPD, Olaf Scholtz, est également critiquable, notamment pour son implication dans le plus grand scandale de fraude fiscale de l’histoire allemande (au cours duquel Scholtz a plusieurs fois tenté de s’absoudre en évoquant un "oubli")[9] ou encore pour l’introduction de produits émétiques comme mesure de répression pour les suspects de consommation de drogue lorsqu’il était sénateur intérieur (ministre régiona l de l’intérieur , NdT ) de Hambourg, entraînant la mort d’un jeune de 19 ans[10].

Dans de nombreux domaines politiques, notamment celui de l'immigration, le SPD plonge dans une erreur classique alignant ses positions vers la droite dans l’espoir de dissuader ses électrice·eurs de se tourner vers des partis d'extrême droite comme l'AfD. Cependant, cette décision a l’effet inverse, et voir des partis établis défendre des positions de droite contribue simplement à normaliser celles-ci.

"Die Linke" offre une alternative au SPD. Le groupe n'est bien sûr pas non plus exempt de tout problème, mais depuis la création de l'"Alliance Sarah Wagenknecht" (BSW), de nombreuses·eux conservatrice·eurs ont quitté le parti. Die Linke défend de manière crédible des positions socialistes qui contribuent à améliorer la vie des Allemand·es et en particulier des minorités.

Si Die Linke ne parvenait pas à revenir au Bundestag, le SPD serait à l'avenir le parti le plus à gauche à y être représenté.

La JS Suisse...

... soutient la campagne électorale du parti "Die Linke" au Bundestag allemand et appelle donc à voter pour celui-ci.

... ne limite pas sa collaboration internationale aux partis avec lesquels elle a des liens formels (p. ex. appartenance commune à la YES). Cela ne signifie pas que notre appartenance à la YES est remise en question mais plutôt une extension de nos échanges à l’international.

... appelle le PS Suisse en tant que son parti-mère à une réflexion critique sur sa collaboration internationale, ce qui pourrait inclure par exemple la collaboration avec des partis auxquels il n’est pas relié par un lien formel.


[1] https://www.tagesanzeiger.ch/die-spd-ist-wieder-da-ich-sehe-das-als-zeitenwende-167671626739 (09/01/2025).

[2] https://www.tagesschau.de/wirtschaft/mindestlohn-anhebung-100.html (09/01/2025).

[3] https://www.sueddeutsche.de/politik/klimaschutz-die-spd-ist-zu-langsam-fuer-die-zukunft-1.4129691 (09/01/2025).

[4] https://www.spiegel.de/wirtschaft/kohleausstieg-spd-will-entschaedigungen-fuer-braunkohlekonzerne-pruefen-a-02751303-4173-4e1c-a55b-22946666c1c2 (09/01/2025).

[5] kontextwochenzeitung.de/politik/144/kohle-fuer-kohle-wie-lobbyisten-und-grosskoalitionaere-gemeinsam-profitieren-1945.html (09/01/2025).

[6] https://www.wahlen-berlin.de/abstimmungen/ve2021/AFSPRAES/ergebnisse.html (09/01/2025).

[7] https://taz.de/Die-Berliner-SPD-und-die-Enteignungs-Initiative/!5856029/ (09/01/2025).

[8] https://www.spdfraktion.de/themen/rueckfuehrungen-erleichtert-0 (09/01/2024).

[9] https://www.tagesschau.de/investigativ/ndr-wdr/cum-ex-hamburg-warburg-bank-101.html (09/01/2025).

[10] https://www.mopo.de/hamburg/bilanz-nach-20-jahren-tod-eines-hamburger-dealers-nach-brechmitteleinsatz/ (09/01/2025).