Résolution adoptée lors de l’assemblée annuelle 2017 de la JS Suisse à Berne
Les bourgeois s’en sont pris à l’AVS pendant des années et l’ont toujours vilipendé. Toutefois, cette sécurité sociale est la plus juste des systèmes de Suisse et la plus stable. En tant que pilier de la cohésion, fondé sur la solidarité et basé sur la répartition : la population active cotise proportionnellement à son salaire, et cela permet d’assurer la pension des retraités. Ce principe permet une redistribution réelle, et les différences salariales s’amenuisent. L’AVS représente la solidarité qui existe entre les générations plus âgées et les plus jeunes, or, en tant que telle, elle est plus généralement, la base de la solidarité parmi tout un chacun.
Toutefois, la dernière réforme des retraites 2020 démontre à nouveau comment la répartition des richesses fonctionne: du haut vers le bas. Bien que la réforme n’arrive à l’agenda qu’en mars prochain lors de la votation finale de l’Assemblée fédérale, le résultat semble clair : les rentes complémentaires pour soutenir la génération du baby-boom sont à financer par un nouvel impôt et il faut augmenter l’âge de la retraite. En contrepartie, quelques mesurettes ont été promises : les retraités toucheront 70 francs de plus et ils devraient y avoir quelques petites améliorations du deuxième pilier. Mais le fait est que nous nous vendons pour 70 francs, pour augmenter l’âge de la retraite des femmes*.
La présente réforme 2020 est une épée à double tranchant: Le Conseil des Etats veut une augmentation de la rente AVS de 70 francs. Ce faisant, il brise le tabou bourgeois de l’augmentation desdites rentes, mais n’avant que d’un pas de fourmi vers la bonne direction: le renforcement de l’AVS. Parallèlement, l’âge de départ à la retraite des femmes sera augmenté. C’est bien plus qu’une « petite pilule à avaler », comme l’on a tendance à entendre en ce moment : les partisant.e.s* de l’augmentation plaident l’égalité : l’âge de la retraite des femmes* devrait être le même que celui des hommes*. Cependant, les partisans ignorent que le fait que les femmes* continuent de gagner moins. En effet, les «métiers féminins*» sont souvent moins bien payés, en vertu d’une discrimination salariale traditionnelle des femmes, en raison des postes à temps partiel plus fréquent, un accès restreint à des emplois bien payés ou le travail du care non reconnu. Aussi, cette reproduction sociale touche environ 40% des femmes* au début de leur vie active, parce que l’on attend d’elles qu’elles prennent en charge les soins de leurs parents ou de leurs enfants. Tous ces facteurs mènent à une pauvreté structurelle des ainés et touchent avant tout les femmes. Tous ces facteurs mènent à la pauvreté de nos ainés, dont la plupart sont des femmes.
La Jeunesse socialiste voit aussi, que le compromis du Conseil des Etats améliorerait réellement les réalités de la vie – en particulier celle des femmes à faible revenu – : le tabou bourgeois de l’augmentation des rentes sera brisé et permettra une nouvelle marge de manœuvre vers le progrès. Les femmes qui exercent des métiers à temps partiel seront mieux assurées, les parcours professionnels différents cotiseront enfin au deuxième pilier. La solidarité se renforce, grâce à l’augmentation de la part de l’AVS au système de rente. Toutefois, c’est une amélioration minime, avec laquelle nous ne sommes pas satisfaits. Ce faisant, nous exigeons :
- Une augmentation drastique des rentes via un financement solidaire en imposant fortement le capital. En effet, le revenu du capital n’est pas astreint à la cotisation AVS. Ainsi, ceux qui ont le plus ne participent pas au financement de l’AVS. Cela doit changer !
- Le démentiellement du deuxième pilier : l’AVS est la seule forme de rente solidaire, le reste doit être mis à la poubelle.
- Une diminution générale de l’âge de la retraire : avec la digitalisation, les individus sont toujours plus productifs, le temps de travail doit diminuer et pas être rallongé.
- Une sanction directe par la Confédération en cas de discrimination salariale des femmes* et l’égalité salariale. Ce dernier principe est constitutionnel, et ce faisant il doit être appliqué.
- La reconnaissance complète du travail du care non payé. La reproduction de la force-travail est aussi du travail.
Nous nous rallions au partisan du référendum sur beaucoup de points, en gardant un œil sur les améliorations qu’apporte la variant du Conseil des Etats. Cependant, nous voulons et nous devons nous concentrer sur l’initiative 99% lors des prochains mois et années pour montrer les contradictions entre le travail et le capital : c’est la seule manière de financer à long terme et de manière solidaire l’AVS. Le mot d’ordre quant au référendum éventuel devra se faire s’il y a effectivement un référendum.