#4 : La suppression de l’armée

06.04.2018

“La Suisse n’a pas d’armée. La Suisse est une armée“ Cette phrase avait été rédigée officiellement par le Conseil fédéral dans les documents de votation lors de l’initiative pour l’abolition de l’armée en 1989. Pourquoi la revendication de la suppression de l’armée et la résistance y relative contre la pensée militaire est toujours d’actualité.
La guerre ne résout pas de problème, bien au contraire: elle apporte de la souffrance à la population civile et aux soldats qui ont été envoyés au combat par les puissants de ce monde. Les interventions militaires ne créent pas un socle durable pour un vivre ensemble pacifique. En effet, il n’existe que la voie politique pour régler des conflits. Celui ou celle qui s’oppose à la guerre doit d’abord empêcher sa préparation. Ceci est l’argument principal pour la suppression de l’armée. Suivent trois autres arguments qui justifient aujourd’hui aussi cette revendication.
Suppression de l’armée pour l’égalité
Jusqu’à la fin du 20ème siècle, l’armée et la pensée militaire étaient profondément ancrées dans le conscient collectif de la Suisse. Les jeunes hommes sans carrière militaire étaient socialement considérés comme marginaux. L’obligation générale de servir avait (et a encore de nos jours) une influence importante sur la discrimination des femmes* dans ce pays. Chaque génération de jeunes hommes devait (et doit) supporter au sein de l’armée des structures patriarcales et sexistes, et cela influence nombre d’entre eux. Car les structures sociales déterminent consciemment, mais aussi souvent inconsciemment, les agissements des personnes. La suppression de l’armée est impérieuse, au regard d’une perspective politique d’égalité, puisqu’aujourd’hui encore et chaque année, des hommes (et entre temps également des femmes) rejoignent l’armée pour y être militairement endoctrinés.
Suppression de l’armée pour la liberté
L’armée suisse n’a encore jamais dû combattre sérieusement un quelconque ennemi. Malgré cela, elle a déjà tué des êtres humains, des citoyens-nes en Suisse. En 1918, alors qu’en fait la grève générale était terminée, des soldats ont ouvert le feu sur des ouvriers à Granges. 3 personnes sont mortes. En 1932, des militaires ont tué 13 travailleur-euses qui manifestaient à Genève. L’armée est souvent un moyen, comme lors de conflits internationaux, que les puissants engagent pour anéantir des mouvements sociaux, des ouvrier-ères protestataires ou simplement des opposant-es. Cela ne signifie pas que tous les membres de l’armée soutiennent fondamentalement les intérêts de la classe dirigeante. Cependant, la structure hyper hiérarchisée de l’armée ne laisse que peu de place à la contradiction et ne donne aucune possibilité d’émancipation autonome de la personne. La suppression de l’armée est dès lors significative en termes de liberté des êtres humains.
Suppression de l’armée pour la sécurité sociale
L’armée engloutit chaque année 5 milliards de francs. Et nous voilà aujourd’hui, de surcroît, face au plus important projet de réarmement de la Suisse : 15 milliards devraient être dépensés pour de nouveaux avions de combat, une défense aérienne sol-air et de nouveaux tanks. Cette dépense en milliard est une gifle au visage des habitant-es de ce pays. Dans les communes, les cantons et également au niveau fédéral, il y a en ce moment un mot clé : économiser. On démantèle sur le dos des personnes dans le domaine c la formation et de la santé. Les dépenses élevées de notre armée sont aussi une cause à cette frénésie du démantèlement. La suppression de l’armée va également dans le sens de la sécurité sociale.
Récapitulation: même si l‘initiative pour l’abolition de l’armée est aujourd’hui âgée de 30 ans, cette revendication est plus essentielle que jamais. C’est exactement pour cette raison que la JSS a choisi la suppression de l’armée parmi les neuf nouvelles revendications de la grève générale. Pour que la Suisse, au plus tard dans cent ans, ne soit plus, et ne possède plus, d’armée.