La situation à Moria est catastrophique et ne peut plus durer. La Suisse est prête à accueillir 20 personnes non accompagnées. 20 personnes uniquement, mais pas de familles. Moins de 0.2% de toutes les personnes touchées. Pardonnez-moi de placer ces êtres humains sous un chiffre, mais il est frappant. C’est un choix, pas uniquement motivé par empathie, mais aussi par intérêt national. Il est plus facile de prendre ces personnes, afin de les former, les intégrer dans notre système, car leurs attaches sont moins solides. Ce qui aide donc avant tout notre économie. La Suisse avait refusé 10 enfants durant le semi-confinement, mais a quand même rempli l’avion, autrement. Les exportations d’armes ont explosé cette année. Nous voyons où réside la priorité de notre pays. Il aura fallu une catastrophe sanitaire et un feu pour que nous réagissions, mais la crise humanitaire de base n’aurait-elle pas déjà suffit ?
J’appelle avec ce courrier toutes les communes, les villes, cantons et la confédération à statuer sur la situation. L’appel des villes à une conférence nationale doit être entendu. Il est nécessaire que soit offert ici un asile à ces personnes, mais que cela soit respectueux et humain, issu des besoins sur place et des personnes et non pas par une motivation autre. Les accords de Dublin doivent être renégociés, les routes migratoires rendues sûres, les crimes doivent être reconnus et punis. Cela n’est plus un Devoir d’Humanité, mais une question philosophique. C’est toute notre Humanité-même qui est mise à ce jour en question. Comment voulons-nous la définir ? Est-ce vraiment un choix, un alibi ; faut-il être légitimé pour exister ? Mais le Droit à la vie n’est-il pas le premier ? Il est temps d’arrêter de se dénaturer les un.e.s les autres, et de s’accepter comme nous sommes, des être humains égaux.
Cet appel est signé Youri Zwahlen, de la JS Jura, et est soutenu par la JS Suisse.