Quelles seraient les conséquences de No Billag en Suisse romande ? Chaque jeunesse socialiste romande détaille la situation médiatique de son canton respectif, et ce en quoi cette initiative serait dévastatrice à l’échelon local.
JSF – NON à No Billag à Fribourg !
L’initiative « No Billag » propose la suppression de la redevance et de toute subvention de la Confédération pour les médias audiovisuels suisses, dès le 1er janvier 2019. Premièrement, il y a une confusion illusoire qui est de croire que payer pour les services en question, sans passer par la redevance, reviendrait moins cher. Et deuxièmement, et c’est ce qui inquiète une grande partie de la population suisse, la majorité des prestations audio et vidéo que l’on utilise quotidiennement disparaitraient simplement.
Dans le canton de Fribourg en particulier, cela serait notamment Radio Fribourg ou encore La Télé et leurs nombreux auditeurs et téléspectateurs qui s’en verraient pénalisés. En plus d’engendrer le licenciement de nombreuses personnes, cette initiative va priver les auditeurs et téléspectateurs de précieuses sources d’information ainsi que de services nécessaires au soutient de la culture fribourgeoise et à la couverture d’évènements sportifs en tout genre. Souhaitons-nous la disparition de ces médias nécessaires et chers aux fribourgeois ? Qu’adviendra-t-il de la couverture des matchs de notre équipe de Gottéron, tout comme ceux des joueurs du Fribourg Olympique et un bon nombre d’autres sportifs ? Et concernant nos différents événements culturels tels que le festival des Georges et bien d’autres encore, chaque année couverts sans relâche par notre RadioFr ? Refusez No Billag et soutenez la culture fribourgeoise !
Leila VYTHELINGUM, trésorière de la Jeunesse Socialiste Fribourgeoise
JSG – Non à No Billag à Genève !
Genève bénéficie de plus de 10 chaînes télévision et radio qui financent leur travail en partie grâce à Billag. Sur Carl-Vogt s’élève la Tour RTS qui emploie quelques 1029 travailleurs/euses. De plus, beaucoup des commerces installés dans le quartier de Plainpalais tirent une partie importante de leurs revenus de cette « tour de la télé ». D’autres chaînes, telle que Léman Bleu, offrent un grand nombre d’emplois dans notre région. Il est impératif de lutter contre une privatisation qui entraînerait la suppression de milliers d'emplois. Enlever cette redevance serait se soumettre au principe de maximisation des profits, en mettant nos chaînes publiques aux enchères au plus offrant.
Mais on ne peut pas soutenir une défense sans critique d’une redevance qui ne prend pas en compte la situation économique des ménages. Alors que les CHF 451 sont acceptables pour un-e millionnaire, la somme devient une dépense importante pour un-e salarié-e. Il est du devoir de la gauche de critiquer cette taxe antisociale, et d’élaborer un contre-programme au lieu de se présenter comme la protectrice de Billag. De plus, l’argument selon lequel la scène médiatique suisse actuelle est neutre et diverse est intenable. A Genève et en Suisse, la socialisation des médias, financée par l'imposition progressive du capital et des hauts revenus/actifs, est le seul moyen d’obtenir des médias indépendants.
Jimena VILLAR DE ONIS, coordinatrice des actions à la Jeunesse Socialiste Genevoise
JSJ – NON à No Billag dans le Jura !
L'initiative No Billag enverrait à la casse les médias jurassiens tels que RFJ et Canal Alpha, qui ont un rôle de service public. Sans médias régionaux, il est, de fait, absolument impossible pour la population de s’informer correctement sur les enjeux politiques locaux et à tout un chacun de remplir pleinement son rôle de citoyen et de garant de la démocratie. La vie associative qui rythme le quotidien du peuple Jurassien ne pourrait simplement plus avoir lieu. Qui parlerait du Marché-Concours, s’intéresserait au Chant du Gros ou ferait un reportage sur la Saint-Martin ? No Billag, c’est également la fin du HC Ajoie, du BC Boncourt ainsi que du VFM, qui disparaîtraient irrémédiablement des radars médiatiques. Et surtout d’un point de vue idéologique, l'argument principal selon les initiants, No Billag c’est la victoire du riche sur le pauvre, du moi sur le nous, ce qui paraît bien éloigné de l’idéal de notre République démocratique et sociale fondée sur la fraternité.
Joakim MARTINS, membre du Comité de la Jeunesse Socialiste Jurassienne
JSN – NON à No Billag à Neuchâtel !
Aujourd'hui, la SSR et les radios régionales privées diffusent une offre médiatique variée et de qualité partout en Suisse. En cas d'acceptation de « No Billag », dans le canton de Neuchâtel, ce sont la radio RTN, ou encore la télévision Canal Alpha qui se retrouveraient dans l'incapacité financière de continuer à produire leur contenu. Cette offre variée garantit la liberté d'expression, et est indispensable au bon fonctionnement du processus démocratique. De plus, les domaines de la culture et du sport seraient également touchés ; à Neuchâtel, le NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival), festival mondialement connu et l'un des principaux évènements cinématographiques de Suisse, vit grâce à son impact médiatique – une perte de visibilité de ce côté, signerait son arrêt. Rejeter cette initiative, c'est continuer de garantir de l'information indépendante, des manifestations culturelles diverses et de qualité, ainsi que 13'500 emplois liés à la redevance en Suisse.
Pauline SCHNEIDER, vice-présidente des Jeunesses Socialistes Neuchâteloises
JSV – NON à No Billag dans le Canton de Vaud !
A quoi ressemblerait le Canton de Vaud si l'initiative No Billag était acceptée?
Bien que nous ne puissions que spéculer, une chose est certaine : avec une acceptation, la Confédération n'aurait plus le droit de subventionner des chaînes audiovisuelles, mettant certes fin à la redevance, mais nous privant par conséquence de la RTS – RSI – SRG. En effet celles-ci seraient privatisées, mises aux enchères, vendues au plus offrant (conformément au texte de l’initiative), et devraient ainsi s’adapter aux exigences d’une économie de marché comme aux Etats-Unis...
Là se trouve déjà le premier danger : au lieu d’informer et de contribuer à la culture et au débat publique, une RTS privatisée devra rapporter un maximum de revenu pour son propriétaire, qui n’hésitera pas à supprimer tous les services non profitables, à savoir ceux destinés aux minorités linguistiques (dont nous faisons partie dans le Canton de Vaud), les programmes culturels, l’adaptation des programmes pour les personnes malvoyantes ou malentendantes, etc. Ceci, sans compter qu’elle ne pourra en aucun cas exposer une information allant contre les intérêts de son propriétaire, comme avec les chaînes Mediaset de Berlusconi en Italie. Bref, No Billag signerait de facto la fin de la RTS telle qu’on la connait aujourd’hui.
Mais la RTS n’est pas la seule à vivre grâce à la redevance. En effet notre Canton compte une bonne dizaine de chaînes radio/télévisées privées subventionnées par celle-ci. Il faut savoir que ces chaînes ne sont que rarement profitables : produire un service audiovisuel de qualité coûte cher et les entrées générées par la publicité suffisent de moins en moins à couvrir les dépenses. En acceptant No Billag, La Télé, Léman Bleu, La Première, Espace 2 ainsi qu’Option Musique risquent de complètement disparaître, sans compter Couleur 3, qui appartient à la RTS.
On pourrait vaguement imaginer l’idée d’instaurer des abonnements payants pour compenser les pertes, mais pourquoi vouloir dépenser plusieurs centaines de francs pour une offre restreinte, alors qu’avec la redevance (qui passera à 365.-/an, soit 1.-/jour) on a accès à tout ce que l’on veut, dans toute la Suisse ?
Il faut en outre considérer le fait que le succès des festivals et du cinéma suisse dépend également de la redevance, que ce soit pour les subventions ou pour la couverture médiatique. Celles-ci n’étant plus garanties avec No Billag, le Tour de Romandie, Paléo et même le Montreux Jazz pourraient tomber à l’eau.
En conclusion, No Billag veut dire No Culture.
William FLORES, responsable informatique de la Jeunesse Socialiste Vaudoise
JSVR – NON à No Billag en Valais !
Le Valais connait actuellement un paysage médiatique dense et varié par rapport au marché qu’il représente. Pour preuve : quel média privé prendrait le rôle de Canal 9 et ferait un lien entre les parties germanophone et francophones de notre canton sans le soutien crucial que la redevance apporte ? Certainement aucun, si la Suisse romande est trop petite pour la RTS, personne ne croit à la survie d’une télé bilingue pour moins de 100’000 germanophones. Les radios valaisannes, Rhône FM, Radio Rottu et Radio Chablais n’ont que peu de chance de se relever après l’ouragan No-Billag. Voilà les conséquences des dogmes néolibéraux portés par cette initiative. Pourtant, ceci n’est que la pointe de l’iceberg. Le Valais des associations, le Valais des sociétés de chant ou des fanfares - qui sont nos dignes ambassadeurs hors canton –, a également tout à perdre de par la fin du soutien de la SSR en terme de visibilité. Les multiples festivals que nos Alpes abritent, qui font le lien entre les régions et les générations, seraient de même touchés de plein fouet par la fin de l’aide de l’audiovisuel public. Aux libéraux qui nous promettent d’autres financements qui tomberaient visiblement du ciel, nous leur disons : ne touchez pas aux mécanismes solidaires qui offrent aux régions périphériques une information et une visibilité culturelle qui nous permet d’exister sans être les « suiveurs » des agglomérations.
Simon CONSTANTIN, président des Jeunesses Socialistes du Valais Romand
26.02.2018