L’abolition des inégalités sociales est indissociable de la lutte contre la crise climatique. Les ultra-riches portent la plus grande part de responsabilité dans la crise climatique, en raison de leur mode de vie excessivement luxueux et de leurs investissements massifs dans les énergies fossiles. Pourtant, ce sont les populations les plus vulnérables qui en subissent les conséquences, en particulier dans les pays du Sud global, mais aussi en Suisse. À titre d’exemple, les travailleuse·eurs du bâtiment ou de l’agriculture sont directement menacé·es par les chaleurs extrêmes et la pollution, tout comme les personnes âgées ou dans un état de santé fragile. La justice climatique ne peut donc être atteinte sans une remise en question profonde des inégalités dans la répartition des richesses.
C’est pourquoi l’initiative propose de taxer à hauteur de 50 % les successions et donations supérieures à 50 millions de francs. Cette mesure vise à rétablir une forme de justice sociale, en s’attaquant aux plus grandes fortunes détenues par une minorité de la population. Selon nos estimations, seules 2'500 personnes seraient concernées par cet impôt. Pourtant, les recettes perçues avec celui-ci permettraient d’investir environ 6 milliards de francs par an dans des actions concrètes contre la crise climatique.
En Suisse, le 1% des personnes les plus riches détient près de 45% des richesses totales. Cette inégalité est d’autant plus flagrante lorsque l’on sait qu’à l’inverse, 62 % de la population se partage à peine 3% des richesses. Ce déséquilibre place la Suisse parmi les pays les plus inégalitaires, devançant même les États-Unis pourtant connus pour la concentration d’immenses fortunes.
La fortune détenue par les ultra-riches ne cesse de croître et est majoritairement alimentée par les héritages. En 2020, le montant total des biens transmis par succession s’élevait à 95 milliards, contre 36 milliards en 1999. En l’espace de deux décennies, ce chiffre a donc presque triplé. Malgré cela, dans le même temps, le taux d’imposition sur les successions n’a cessé de reculer proportionnellement. Cette absence de volonté politique en matière de réforme fiscale perpétue la concentration des richesses entre les mains d’une minorité, creusant ainsi davantage le fossé entre les riches et le reste de la population.
Comme le droit fédéral ne prévoit aucune obligation en matière d’imposition successorale, les cantons disposent d’une large autonomie pour légiférer dans ce domaine. Il en résulte d’importantes disparités cantonales. Certains cantons, comme Schwytz ou Obwald, ne prévoient tout simplement aucun impôt sur les successions, et une majorité d’autres cantons choisit de taxer uniquement la famille éloignée ou les personnes non-parentes.
Aujourd’hui, seuls quatre cantons imposent encore les successions en ligne directe mais ces derniers font face à des pressions politiques croissantes en faveur d’une suppression ou d’un allègement de cet impôt. Cette tendance traduit une volonté de plus en plus affirmée d’exempter entièrement l’héritage familial.
Dans le contexte actuel, il est tout simplement inacceptable de continuer à favoriser une minorité de la population en refusant de taxer équitablement les héritages familiaux. Il est temps que les ultra-riches assument leur responsabilité face à l’urgence climatique et contribuent à l’effort collectif. Une véritable redistribution des richesses est nécessaire pour construire une société plus solidaire, écologique et égalitaire.