Les abus dans l’apprentissage restent monnaie courante aujourd’hui. Les apprentis restent encore trop considérés comme des sous-employés qui ne nécessite aucune protection. Comme si les abus subis étaient une forme de passage obligé vers le monde du travail.
Les exemples sont nombreux et variés. Comme le cas d’un apprenti dessinateur en génie civil vaudois dont la formation s’est avérée être un calvaire à cause d’employeurs négligents. Ce jeune s’est vu annoncé lors de la formation que l’entreprise n’avait ni les ressources, ni le personnel pour s’occuper de la formation et qu’il devait par conséquent, je cite, « s’auto-former ». L’entreprise, pour économiser le prix d’une licence, n’a pas voulu équiper son poste de travail du logiciel nécessaire à son emploi, ce même logiciel utilisé précisément pour passer les examens professionnels. Les lacunes accumulées suite à une formation inexistante sur le lieu de travail l’ont conduit à un échec lors de la dernière année et à un redoublement. Ce type de situation n’est plus acceptable de nos jours. Il est inadmissible de laisser des entreprise engager des apprentis sans contrôler que la formation y est réellement assurée. Bien que des structures d’écoute ou de contrôle existent, leurs moyens sont si dérisoires que personne n’a réellement pris en considération le cas de cet apprenti.
Et ce genre de situation n’est que la pointe de l’iceberg. En effet, les abus plus légers, pas nécessairement dû à de la malhonnêteté mais juste à la considération sociale inférieure des apprentis ou aux mauvaises habitudes des employeurs, sont légions. Il est impensable qu’à l’heure où l’accès au marché du travail se complique, où les recruteurs exigent des compétences de plus en plus pointues, un apprenti passe jusqu’à plusieurs heures par jours à préparer le café, faire les courses pour l’employeur, fasse la vaisselle du bureau entier, etc. Tous ces petits abus sont à bannir, les apprentis sont des jeunes à former et non pas une main d’œuvre facile à employer pour les corvées ou les travaux les plus ingrats. L’impact négatif de ces tâches est renforcé par le fait que les apprentis doivent également consacrer des heures à préparer leur cours après la journée de travail.
Il n’est en général pas besoin de chercher loin. Nous avons tous dans notre entourage, des personnes ayants été victimes de mauvaises pratiques durant l’apprentissage. Les cas sont innombrables et touchent aussi le domaine des salaires, très peu réglementés et qui souvent n’évoluent pas comme les salaires des employés. Les jeunes, qui font souvent leurs premiers pas dans le monde professionnel via un apprentissage seront bien plus facilement victimes d’abus que des salariés expérimentés. Le manque d’information sur leurs droits étant souvent à la source d’abus impunis et non corrigés.
Une meilleure information aux apprentis, un meilleur contrôle et une meilleure sensibilisation des employeurs ainsi que des structures d’aide plus efficaces sont absolument nécessaires. Le monde politique doit cesser d’être indifférent à cette cause ! Certains partis se montrant même complice, à l’image des jeunes libéraux-radicaux vaudois qui ont attaqué, en février dernier, la présence, dans le matériel scolaire, d’une brochure d’informations sur les droits des apprentis.
Il est donc urgent de sensibiliser le public à ces situations et de faire enfin avancer la cause des apprentis !
Yoann Péclard, Chef circulation des trains, membre de la JSS
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27.04.2015