Non à la dictature des multinationales – Oui à la souveraineté alimentaire !

30.03.2016

A l'occasion du dépôt de l'initiative pour la souveraineté alimentaire, Fabian Molina s'adresse au public présent.
Lors du tournant néolibéral des années 80, la vague de la libéralisation a également touché l’agriculture; au bénéfice des multinationales agro-alimentaire et avec des conséquences destructives pour l’homme et la nature. De nombreux pays du Sud ont été poussés à supprimer leurs protections douanières et à ouvrir leurs marchés, afin que les multinationales, souvent subventionnées, des États-Unis ou d’Europe puissent trouver de nouvelles débouchées commerciales.
Les conséquences désastreuses de cette politique affectaient aussi l’agriculture des pays du Nord et continuent à l’affecter. L’injuste libre-échange accélère le changement structurel et agrandit les inégalités. De plus, l’intensification de l’agriculture augmente, l’utilisation d’OGM se pare d’un vernis de respectabilité et les conditions de travail subissent une pression croissante. Rares sont ceux qui en profitent.
De nouvelles adversités nous guettent : après l’échec du cycle de Doha en raison des protestations massives, les multinationales cherchent de nouvelles façons pour déréguler l’agriculture à l’échelle mondiale. Actuellement, l’Union européenne et les États-Unis négocient en secret le nouveau traité de libre-échange transatlantique TTIP. Ce traité équivaut au déroulement d’un tapis rouge aux multinationales. L’introduction de tribunaux arbitraux accorderait plus de pouvoir aux entreprises face aux États, ce qui réduirait considérablement la souveraineté des démocraties. Grâce à ce mécanisme, les multinationales pourraient renverser chaque loi qui réduirait leur profit. Economiesuisse, l’organisation faîtière des entreprises suisses, demande l’adhésion rapide de la Suisse au TTIP, mais même sans adhésion, ce traité serait lourd de conséquences pour la Suisse. Il mettrait sous pression les conditions de travail, le service public, la sécurité des données, la santé publique et, justement, l’agriculture.
Il est donc très important que nous nous battions maintenant contre ce libre-échange débridé et antisocial. C’est ce que nous faisons avec l’initiative pour la souveraineté alimentaire. Elle vise à promouvoir des circuits agricoles locaux, à établir des conditions de travail équitables, à interdire les OGM dans l’agriculture et à garantir le droit à la souveraineté de tous les peuples dans le domaine de l’alimentation. Cette initiative est une nécessité pour une agriculture suisse plus écologique, un butoir contre la menace de la dictature des multinationales et un pas vers la solidarité internationale.