Depuis plusieurs mois, les primaires des deux partis politiques américains aux élections présidentielles ont donné lieu à un combat acharné entre les candidats. Habituellement, ces primaires consistent à choisir le politicien au plus beau sourire, ou celui au slogan le plus accrocheur. Les différences politiques entre les candidats restent très minces. Toutefois, deux OVNIs sont apparus. D’abord chez les Démocrates, avec de vieilles vestes délavées, une coiffure n’ayant jamais croisé le peigne et surtout se revendiquant « socialiste » dans le pays du capitalisme impérialiste, le dénommé Bernie Sanders. Ensuite chez les Républicains, c’est le milliardaire Donald Trump qui a émergé. Or, aucun de ces deux hommes n’est membre du parti pour lequel ils participent aux primaires.
Les Etats-Unis sont l’Etat central d’un système-monde, dont la Suisse, la France et l’Allemagne font notamment partie des satellites. Aujourd’hui, le centre de ce système s’épuise pour tenter de maintenir sa domination face à la montée de la Chine ou de la résurgence de l’impérialisme féodal russe. Garantir ses zones d’influence coûte cher aux Etat-Unis. Avec une dette qui explose, il est évident que les USA s’affaiblissent de jour en jour. Dans ce contexte, de plus en plus de citoyens américains rejettent le système actuel et leur gouvernement, sans pour autant avoir une idée de la direction vers laquelle la prochaine politique américaine devra les mener.
«Make America great again»
Pour répondre à cette problématique, nos médias nous montrent la voie de la réaction : Donald Trump est le leader des réactionnaires américains. Il surfe sur un rejet globalisé du système sans pour autant avoir de projet concret. Aussi et surtout, il s’adresse à une classe moyenne en déperdition économique et en perte de repères symboliques. Cette classe moyenne voit ses enfants s’endetter sur plusieurs générations pour prolonger des études qui n’offrent pas d’emplois stables. Cette génération ne se reconnaît pas dans les catégories «working poor», étudiants altermondialistes, ou dans celle de la classe ouvrière organisée qui elle fait partie du mouvement «révolutionnaire». Ainsi, le discours xénophobe, isolationniste, avec parfois une pointe de social, de Donald Trump rassure la classe moyenne perdue, en promettant le retour d’une Amérique forte qui n’a jamais existé.
«A future to believe in»
A l’opposé, émerge la voie du changement, la Révolution en somme, dont Bernie Sanders en est le parfait représentant. Depuis ses débuts en politique, il s’est toujours décrit comme socialiste - donc opposé au système capitaliste actuel. Dans son Etat du Vermont et lors de sa campagne, il a défendu les travailleurs, tout en critiquant la «classe des milliardaires» et la «classe de Wall Street» qui dominent et dirigent dans les faits les Etats-Unis. Avec son discours particulier, accompagné d’un style qui se distingue de la classe politique américaine habituelle, Bernie Sanders se fait entendre chez les américains rejetant le système et prêts au changement. Ces individus sont réceptifs à ses propos, car Sanders a depuis toujours critiqué et rejeté les abus du capitalisme. Il ne s’agit pas d’un revirement politique opportuniste. Cette volonté de changement s’inscrit particulièrement chez les jeunes, chez qui le terme «Socialiste» n’effraie plus comme le fantôme du stalinisme d’autrefois. La jeunesse américaine rêve d’un nouveau système économique et sociétal, où le partage et la disparition de la dictature du bénéfice seraient les mots d’ordre.
Au milieu de ces deux manières de rejeter le système, nous retrouvons encore ceux qui préfèrent le sauver. Cela en dépit du fait qu’il est dépérissant. Ces individus tentent d’obtenir de lui ce qui pourrait passer pour une dernière faveur. Aussi, il est à noter que la tendance centriste avec un fond de progressisme se retrouve dans la candidature d’Hilary Clinton - Démocrate. Au contraire, une tendance de droite traditionnelle persistait dans les candidatures de Jeb Bush et John Kasich, tous deux Républicains.
Nous devons donc garder en tout temps notre point de vue critique quant aux systèmes économique et politique actuelles pour être vigilants lorsque la population rejettera les abus de capitalisme en Suisse. En attendant, soyons solidaires avec les socialistes américains!
Brice Touilloux, président de la Jeunesse Socialiste Fribourgeoise