Des arrestations, des violences policières et une absence quasi-totale de démocratie. Voilà ce à quoi ressemble actuellement Hong Kong à cause de l’implication du gouvernement totalitaire et soi-disant socialiste de la République Populaire de Chine. Nous ne pouvons pas rester passif face à de tels actes. C’est pourquoi, lors de l’Assemblée des délégué-e-s de la JS Suisse du 5 septembre 2020, une prise de position par rapport à la crise d’Hong Kong a été déposée et acceptée par la majorité des membres présent-e-s. Cependant, avant d’énumérer nos revendications, il est important de remettre en place le contexte de cette situation.
Les traités inégaux signés par la Chine durant les Guerres de l’Opium ont fait de Hong Kong une possession britannique. Elle l’est restée jusqu’en 1997, année où elle a été rétrocédée à son ancien propriétaire, la Chine. Depuis, elle est une région administrative spéciale (RAS) et devrait suivre le principe « un pays, deux systèmes » selon la déclaration commune sino-britannique, et cela, jusqu’en 2047. Ce principe devrait assurer le respect des règles économiques et politiques propres à Hong Kong tout en intégrant l’ancienne colonie à la République populaire de Chine.
Néanmoins, plus le temps passe, moins la Chine se soucie de sa promesse de ne pas intervenir avant 2047. Des opposant-e-s politiques prodémocratie disparaissent, Pékin s’immisce dans la politique hongkongaise et de nouvelles lois liberticides sont passées. En somme, tout est mis en place pour que le peuple n’ait pas accès à ce qui lui revient de droit : le pouvoir. Le non-respect de l’opposition allant, dans ce cas, jusqu’au bâillonnement de celle-ci par la force, a amené à la « révolution des parapluies » en 2014. L’événement qui mit le feu aux poudres fut la tentative du gouvernement chinois de bloquer une élection par suffrage universelle du ou de la chef-fe de l’exécutif.
Plus tard, en 2019, un projet de loi d’extradition commence à être élaboré par le gouvernement. Le principe étant que les personnes jugées criminelles par l’Etat chinois puissent être extradées en Chine continentale. Le problème de cette loi étant bien sûr que le gouvernement chinois et son système judiciaire pourraient impliquer de nombreuses dérives et choisir eux-mêmes comment ils définissent les personnes criminelles, à commencer par les opposant-e-s politiques au régime communiste. À la suite de cela, plus d’un million de manifestant-e-s sont descendus dans les rues pour se révolter. La pression portée par ce mouvement a forcé la cheffe de l’exécutif actuelle, Carrie Lam, à admettre la suspension de ce projet puis son retrait définitif.
Depuis, périodiquement, les militant-e-s pro-démocratie manifestent dans la rue mais font face à une répression digne de l’Etat policier qu’est la Chine.
Mais, en 2020, le gouvernement autoritaire chinois a de nouveau dépassé les limites. Une loi sécuritaire imposée par le parlement chinois est incorporée dans la « Loi fondamentale » de Hong Kong. Cette loi anti-démocratique et inadmissible aurait pour but, selon l’empire du Milieu, d’empêcher l’ingérence de différents Etats et ainsi protéger la Région administrative spéciale de Hong Kong. Mais son objectif réel paraît plutôt être le contrôle de la population et la création d’une raison pour opprimer les militant-e-s pro-démocratie en rendant illégal tout acte prônant le séparatisme, le terrorisme et ce que la Chine prétend être de « la collusion avec des forces extérieures et étrangères ». Les termes étant assez vagues, l’application de la loi permet au gouvernement de Xi Jinping d’agir comme bon lui semble et d’arrêter l’opposition à sa guise.
Il est intolérable que la Suisse, en tant que partenaire commercial important d’Hong Kong, pays où siège le Haut-Commissariat des droits de l’homme et gouvernement démocratique, ne s’indigne pas face aux abus chinois. Malgré tous les événements à Hong Kong, les camps d’internement du Xinjiang et la surveillance de masse, notre gouvernement ne réagit pas pour protéger ses idéaux démocratiques et de liberté. Pire encore, la Confédération vend des armes aux forces chinoises et hongkongaises et soutient donc logistiquement, par ce fait, les débordements chinois. Mais ce n’est pas tout. Depuis 2015, des fonctionnaires des services de sécurité chinois-e-s peuvent venir en Suisse surveiller les immigrant-e-s « illégales*aux[1] » supposé-e-s chinois-es et les rapatrier. Cet accord sera rediscuté en fin d’année et il est important de s’y opposer. Le temps de l’inaction doit finir. Il est temps d’imposer à nouveau la défense de la démocratie et des libertés fondamentales.
Conséquemment, la JS Suisse a émis les revendications suivantes vis-à-vis des autorités suisses :
- La Confédération doit interdire les exportations d’armes aux forces gouvernementales hongkongaises.
- Le Secrétariat d’Etat aux Migrations doit placer Hong Kong sur la liste des pays prioritaires en matière d’accueil des réfugié-e-s politiques.
- La Confédération doit continuer de s’opposer activement à la Loi sur la sécurité nationale imposée à Hong Kong par Pékin.
- La Confédération doit dénoncer les accords de libre-échange avec la Chine et Hong Kong.
[1] Personne ne devrait être considéré comme illégal pour avoir immigré et surtout si son pays d’origine a un gouvernement aussi intrusif que celui de la Chine